Aujourd’hui c’est notre dernière journée à Yogyakarta car demain on sera toute la journée dans le train pour Jakarta (départ 9h08 arrivée à 17h22 !)
Nous partons ce matin pour visiter le palais Kraton, la demeure du sultan qui était fermée hier.
Le palais est toujours la demeure du sultan et de sa famille : son unique femme (il est le premier à n’en prendre qu’une !) et leurs 5 filles. Ils sont très respectés par les habitants de Java, bien qu’ils n’aient plus de réel pouvoir politique. Un peu comme peut l’être la reine en Angleterre.
La palais, datant de 1756, est visitable le matin uniquement car l’après midi il est réservé à un usage privé.
Le palais est divisé en plusieurs bâtiments. Il est de style colonial, très joli. Sur la droite à l’entrée se trouvent la maison du sultan puis la maison de sa femme et des princesses. Le sultan ne doit pas vivre avec elles. Il y a ensuite les halls de réception, immenses.
La famille à 2000 employés et reçoit régulièrement plus de 5000 invités dans l’enceinte du palais.
On a pu voir les employés qui font office de présence dans la cours du palais pendant les visites. Ils ont une tenue traditionnelle, avec des batiks spéciaux dont les motifs ne sont portés que par eux. Ils portent tous un Kriss, le poignard traditionnel javanais, dans le dos.
Plus loin à gauche on trouve plusieurs bâtisses, transformées en musée. Les deux premiers musées sont intéressants : l’un raconte les traditions royales, l’autre montre les batiks utilisés par la famille royale (il est interdit de les prendre en photo). Avec ces musées on se rend vraiment compte des similitudes entre les traditions de Java et celles de Bali. Les deux peuples paraissent très différents au premier abord, de part leur différence de culte. Mais en réalité il y a beaucoup de points communs et une culture indonésienne au sens large qui est forte.
Les autres musées sont moins intéressants car ils présentent les objets quotidiens de la famille. Très simples et très européens, beaucoup ont été importés d’Europe ou de Chine.
Un dernier musée est un bâtiment honorifique pour l’ancien sultan, qui a participé à la libération de l’Indonésie et qui est vénéré. Le bâtiment est très joli. On peut se rendre compte également de la simplicité de vie du sultan malgré sa place royale.
En sortant du palais on peut écouter de la musique traditionnelle : le gamelan. C’est sympa mais très aiguë et répétitif donc on se lasse assez rapidement…
Ensuite nous visitons le musée Sono-Budoyo, situé juste à côté. Il rassemble des objets historiques et culturels de Java mais aussi un peu de Bali et Sumatra. Le musée a beaucoup de charme et est très bien fait. La traduction des informations est en cours mais plus de la moitié à déjà été réalisée du coup on profite aussi des explications. On peut ainsi apprendre qu’à Bali les animaux gravés dans les meubles symbolisent des chiffres et permettent de dater les meubles ! L’éléphant est le 5, les oiseaux ou les dragons le 1…
On se sépare ensuite avec Marion : elle part faire de la peinture sur tissu (batik) que je ferai plus tard, et je me dépêche de rejoindre le musée Affandi que je ne veux pas louper et qui ferme à 16h. (Les musées en Indonésie ferment généralement très tôt!) Le musée est assez excentré mais accessible en bus avec changement depuis le centre ville.
C’est un endroit extraordinaire à ne pas manquer si on vient à Yogyakarta.
Affandi (1907 -1990) est l’artiste le plus célèbre d’Indonésie. Le musée est son ancienne maison, située au bord d’une rivière. C’était un homme très original et très doué. Il a dessiné lui même les plans de sa maison et de ses salles d’exposition, et monté les murs de bétons ! Le toit des bâtiments représente des feuilles de bananier, qu’il a toujours utilisé pendant sa vie pour protéger ses toiles du soleil et de la pluie. Autodidacte et venant d’une famille pauvre il n’a jamais arrêté de peindre, même pendant l’occupation japonaise qui le privait de toile et de peinture (en plus de le priver de nourriture et de liberté comme tous les autres indonésiens…). Il voulait devenir aussi bon que les artistes européens dont il voyait le travail.
J’avais regardé son travail sur internet avant d’y aller et je n’étais pas sûr d’aimer mais en arrivant j’ai tout de suite craqué pour son style vraiment original. Il dépeint dans ses peintures principalement la vie quotidienne indonésienne et les émotions ressenties par lui ou les membres de sa famille au cours de leur vie. Les principaux tableaux sont accompagnés d’une description du moment où il les a peint et de pourquoi il les a peint.
Il peignait toujours en plein air et avec les doigts.
On peut aussi voir sa voiture, une Volt Mitsubishi redessinée par ses soins. La marque a voulu lui racheter à prix d’or les droits d’exploitation mais il a toujours refusé car il considérait sa voiture comme une de ses œuvres d’art, donc unique.
Le lieu abrite aussi une cabane en bois d’où il observait la rivière, une roulotte transformée pour sa femme qui aimait s’isoler et une piscine originale.
Il y a aussi plein de sculptures et des œuvres réalisées par sa première femme et par ses 2 filles.
La partie basse de sa maison est transformée en café, super agréable, où j’ai pu manger un mie gareng bien épicé en buvant le thé offert avec l’entrée.
Le lieu abrite enfin des ateliers pour les artistes d’aujourd’hui adultes ou enfants.
J’ai vraiment adoré cette visite.
En sortant je me dépêche de rejoindre le centre Taman Pintar dans lequel on peut faire l’atelier de batik. Marion a fini et est déjà repartie quand j’arrive à 15h35. Je demande si je peux encore faire l’atelier et là les 3 personnes font une tête qui me rappelle la pensée que j’avais quand je travaillais sur les salons professionnels et qu’un client arrivait 2 min avant la fermeture. Tu ne peux pas lui dire non mais tu en as bien envie quand même ! Ils m’acceptent à reculons. Ils ne parlent pas anglais, alors ils ne comprennent pas quand je leur demande à quelle heure ils ferment. Je vais acheter mon ticket, je reviens et m’assois sur leur mini siège (l’atelier est habituellement réalisé par des enfants !) et là je vois au fond de la pièce un écriteau disant en javanais que ça ferme à 15h45… Oups ! Je me dépêche donc de réaliser mon batik pour ne pas trop les déranger et en 15min j’ai fini. (Marion avait mis 2h30 à peu près 😉 )
Le procédé est assez simple mais difficile à maîtriser : il faut dessiner le dessin au crayon sur le tissu, puis le redessiner avec de la cire à l’aide d’un canting (partie critique !).
Ensuite on applique les couleurs. Les couleurs seront révélées par le bain alors il faut imaginer le résultat final.
Le tissu est ensuite séché au soleil (ou au sèche cheveux pour moi ). Une fois sec, le tissu est trempé pour dissoudre la cire et fait réagir les couleurs. Il est ensuite rincé à l’eau puis trempé dans de la cire (mélangée à autre chose mais elle n’a pas su me dire quoi !) pour fixer le motif.
Voilà le résultat (ça aurait été plus sympa si j’avais eu le temps de m’appliquer pour la cire ! )
Une dernière journée à yogyakarta riche en découverte culturelle et artistique !