Aujourd’hui c’est le jour de ma grande balade en vélo ! Je parcours tout de même l’équivalent de 24596 pas.
Je me rend chez ma loueuse de vélo. Hier on s’est mises d’accord sur tout, mon vélo est censé être prêt pour que je parte à 8h. Bien sûr quand j’arrive c’est loin d’être le cas. Elle n’a pas la clef pour l’anti-vol et me dit d’aller voir ailleurs si je ne suis pas contente. Je vais donc voir ailleurs mais les vélos sont moins bien et ils n’ont pas d’anti-vol non plus ou plutôt ils en ont plein mais aucunes clefs. Je fini donc par prendre le vélo de départ car il est vraiment mieux et je repasse dans ma chambre pour chercher mon super cadenas à chaîne pacsafe. A chaque fois que je m’arrêtais quelque part les gens me faisaient des réflexions sur le vélo en disant qu’il était super beau et en me demandant si je l’avais ramené de France ! Je ne passais pas inaperçue encore une fois.
Une fois prête je pars donc pour mon périple au Sud de Rantepao.
C’est agréable d’être en vélo ! Je me sens libre d’aller où je veux, c’est très facile d’observer les paysages et je peux m’arrêter vraiment facilement. Les voitures et les camions qui me doublent passent assez loin de moi. Ce n’est pas dangereux je pense (moins qu’à Lyon ! ). Par contre c’est très très loin d’être plat et la route est cabossée de partout, quand elle existe… alors ça fait travailler les cuisses !
Je me rend d’abord sur le site de Londa.
Je sais que c’est un des endroits les plus visités ici mais je ne sais pas à quoi m’attendre. En arrivant je suis la seule touriste, il est assez tôt, et je suis accueillie par une dizaine de Toraja qui s’ennuient.
Je me rend ensuite sur le site à proprement parler.
Il s’agit de grottes servant de caveaux. A l’entrée on trouve les fameux Tau tau. Les sculptures en bois à l’effigie des personnes décédées. Pour pouvoir les placer ici il faut payer le prix de 24 buffles !
L’entrée est très belle car les cercueils sont mis directement dans la roche, se mélangeant à la nature.
Je n’aime pas trop trop aller dans les grottes, c’est un secret pour personne, mais une grotte remplie de crânes et complètement noire car sans aucun éclairage me tente encore moins, surtout toute seule. Je suis contente de voir arriver un couple d’indonésiens, habitant à Jakarta et venu en vacances dans la région. Je leur explique que j’ai peur d’aller dans les grottes seule et leur demande si je peux aller avec eux. Ils sont super gentils et la femme n’est pas beaucoup plus rassurée que moi 😉 Ils acceptent donc que je vienne avec eux.
L’intérieur de la grotte est assez impressionnant, il y a des cercueils, des ossements et des offrandes : des cigarettes, des bouteilles d’eau, de l’alcool… Si on ne sait pas que ce sont des offrandes on peut facilement penser que c’est sale.
Il y a deux grottes principales, une avec plusieurs pièces. On peut même aller très loin dans la roche si on est prêt à ramper dans les tunnels.
Après ça je me rend à Lemo. Encore pour voir des tombeaux, il n’y a que ça à voir dans la région, cependant ici ça n’a rien de morbide contrairement à ce qu’on pourrait croire vu de l’extérieur.
En arrivant sur le site on est accueilli par une série de tau tau avec de grands yeux blancs avec des pupilles bien noires, les bras tendus vers l’extérieur.
Ils sont à l’extérieur de la falaise et à l’intérieur il y a les caveaux dont on ne voit que les portes. A l’intérieur les caveaux peuvent faire 8m de long, ils sont long à creuser.
Ici seuls les membres d’une grande famille descendant d’un très grand chef Toraja, il y a des centaines d’années, peuvent être mis en caveaux.
La nature aux alentours est très belle, des rizières, des buffles et des collines.
Je suis contente d’être venue en pays Toraja, cette visite a été la plus dépaysante et la plus riche en découvertes culturelles de toutes les visites que j’ai faites depuis que je suis partie de France. Je décide donc de m’offrir un petit souvenir, une fois n’est pas coutume, et j’achète un couple de tau tau réalisé par un artiste local très sympa qui m’explique comment il fait pour réaliser les vrais tau tau.
Les cheveux sont souvent réalisés en fibres d’ananas. Ça rend très bien et apparement c’est solide et ça résiste longtemps aux intempéries.
Je repars ensuite pour Kambira, qui est beaucoup plus au Sud. Je m’arrête en route pour manger un vrai repas qui change des cup noodle ou martabak que je mange depuis que je suis arrivée ici pour revenir dans mon budget. Ici les spécialités ne sont pas très nombreuses et consistes surtout en de la viande cuite dans des bambous comme celle que j’ai pu manger pendant les funérailles. En tant normal comme dans le reste de l’Indonésie ils mangent du riz 3 fois par jour.
J’arrive enfin au site de Kambira, assez fatiguée par la route. Ici il y a des tombes de bébés. Pour les Torajas un bébé est un enfant qui n’a pas encore de dent.
La mort d’un bébé est vécue difficilement ici et pour leur donner une vie ils les mettent dans des arbres. Ils creusent un trou dans le tronc de l’arbre et ensuite place le bébé debout dedans. Ils pensent ainsi que l’enfant va pouvoir continuer de grandir avec l’arbre et ainsi avoir une vie. C’est une très belle croyance je trouve.
L’arbre en lui même n’est pas très impressionnant. Il y a des portes pour refermer les caveaux. Quand l’arbre pousse il « absorbe » le bébé et on ne voit plus que la marque dans l’arbre une fois la porte tombée.
Je recroise un couple de français que j’avais aperçu à Lemo et qui me trouve un peu folle de parcourir la région à vélo toute seule. On discute pendant un long moment de voyages, ils ont parcouru le monde eux aussi pendant leur vacances ces 20 dernières années. Ça fait du bien de discuter avec des gens car ici il n’y a pas de voyageurs solos et les gens en général ne sont pas très bavards.
Je repars ensuite sur la deuxième route pour Rantepao, passant par une autre vallée. Je suis heureuse de constater que la route n’est pas aussi vallonnée que la première, bien qu’elle ne soit toujours pas plate.
Je m’arrête en route dans le village traditionnelle de Ke’te Kesu.
Je retrouve le couple de français, impressionné que j’arrive juste après eux en vélo alors qu’ils sont en scooter.
Le village est un peu décevant. Il faut payer 20000 roupies comme partout ici. Et le village est moins beau que des villages que j’ai pu voir gratuitement pendant les visites. J’ai un peu l’impression de m’être fait arnaquer.
Mais ensuite je sors mon guide et je m’aperçois que derrière le village il y a des tombeaux. Ils sont en effet indiqués par une mini pancarte en langage Toraja que je ne comprend bien sur pas ! Ici ils ne facilitent vraiment pas le tourisme étranger bien qu’ils souhaitent le développer…
Les tombeaux valent vraiment le coup. Ils sont différents de ceux que j’ai vu auparavant. Il y a d’abord une partie « moderne » où des gens probablement très riches se sont construits des tombeaux un peu extravagants.
Ensuite il y a la partie très ancienne. Les cercueils étaient suspendus sur la falaise.
Avant les cercueils étaient souvent en forme de cochons.
Je rentre ensuite à Rantepao, contente de laisser le vélo car la selle n’est pas très confortable 😉
Je trouve que le vélo est une bonne solution pour visiter la région si on est en bonne condition physique et qu’on n’aime pas trop faire du scooter. C’est bien plus agréable et plus rapide que de prendre les transports en commun, inconfortables et difficiles à comprendre quand on ne parle pas indonésien !
En chemin les gens ont été vraiment sympas, je les intriguais beaucoup, ils me disaient bonjour, où vas-tu ? et m’indiquaient si je prenais bien la bonne route. Beaucoup m’ont dit aussi que j’étais folle de faire ça en vélo. Ici ils ne font plus beaucoup de sport, même presque plus de marche à pied et ça se ressent sur leur santé, en plus du fait que 98% des hommes fument. Avant l’espérance de vie était de 95ans et maintenant les gens meurent autour de 75 ans, en seulement une génération !