~ Indonésie ~ Lombok : ascension du mont Rinjani 

On a réussit !!!! On a galéré, je suis tombée, on a marché, marché, marché et marché et on l’a fait !

Autant vous le dire de suite, tous ceux qui nous avaient dit que le trek était difficile étaient assez loin du compte : il n’est pas difficile, il est TRÈS difficile.

Commençons par le début, le premier jour, samedi, soit la veille du trek, nous devons rejoindre Sembalun depuis Senggigi. On a négocié pour avoir tous les transports compris dans le prix initial donc normalement tout devrait rouler et on veut profiter de cette journée pour prendre des forces et se préparer pour le lendemain. Le départ est prévu entre 12h et 13h. Ça nous va pile poil. On a prévu ce matin de faire nos sacs, lire un peu et surtout prendre une douche avant de partir. Je n’en ai pas encore parlé mais sur Lombok il faut payer très cher pour avoir de l’eau chaude (bien au dessus de mon budget rikiki donc), et prendre une douche froide quand il fait 35 degré dehors ça passe mais quand il fait 8 degré comme prévu à Sembalun c’est déjà moins cool.

On est en Asie ne l’oublions pas, donc les choses ne se passent pas comme prévues 🙂 on se lève et la patronne nous dit que le chauffeur arrive dans 30min finalement et en gros que c’est ça ou on s’arrange tous seuls. On arrive à repousser à 1h après discussion mais ça nous laisse à peine le temps d’engloutir notre petit déjeuner, de faire les sacs et de monter dans le mini-bus. Bonne nouvelle : pour l’instant on est que tous les 2 dans un bus de 7 places. Mauvaise nouvelle : le chauffeur conduit à l’indonésienne. Il freine et accélère comme un dératé, double n’importe comment, manque d’écraser une dame en scooter (elle est passé à 1mm, ça l’a calmé pendant 2 min pas plus…) et après il s’arrête acheter des clopes ou autre. Il a l’air très pressé. Nous on profite de la vue car la route longe la côte Ouest de l’île et les paysages sont magnifiques. On peut observer Bali au loin puis les trois Gili. Le trajet est un peu long, 3h30, et on est presque arrivé quand ils nous dit qu’on va faire un détour pour aller chercher nos amis à Senaru. On arrive donc à Senaru et nos deux comparses ne sont plus là : ils sont arrivés 10min avant nous et sont donc partis faire une rando de 2h (logique…). Le chauffeur est furax même s’il essaie de nous le cacher. On est pas spécialement ravis non plus d’avoir 2h d’attente dans un village minuscule où il n’y a rien mais on a surtout très faim. On décide de ne pas rester dans le restaurant qui appartient au pote du chauffeur, ça sent trop l’arnaque, et on rejoint un autre restaurant. Le village semble complètement vide et le « resto » aussi mais une dame âgée qui fait la sieste dans la rue prévient tout un tas de gens, manifestement une famille, qui accourent pour nous faire la cuisine. C’est assez marrant, on essai de comprendre la carte et ils ne parlent pas anglais alors ils défilent les uns après les autres pour nous aider, on voit le grand-père, la mère, le père, le fils de 17ans, la fille de 7 ans et le bébé ! Et on fini par avoir deux assiettes devant nous. Le repas est bon et on peu tester de nouvelles spécialités. Je mange une espèce de salade de légume tiède avec de la noix de coco fraîche râpée, c’est très surprenant. Et je bois un jus d’avocat. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec le jus mais c’est délicieux, très crémeux et sucré et ca n’a pas le goût d’un avocat. Clément lui fait moins local : du riz, des pastels et du fanta!

On rejoint ensuite les autres, on attend qu’ils aient finis leur repas (en voyant leur assiette on est content de ne pas avoir mangés là) et on repart tous les 4 pour Senaru. A l’arrivée on a un bel aperçu de l’organisation indonésienne, le chauffeur se fait engueuler parce qu’on arrive tard, refile le bus à deux autres chauffeurs et nous voilà parti faire le tour des maisons d’hôtes du village pour trouver une chambre. On a rien payé encore et on demande le confort sommaire, on a juste le nom de notre hôtel. Le couple d’irlandais qui est avec nous a déjà payé (cher!) et se retrouve sans chambre car leur hôtel est plein. Ils font la tête. Finalement tout le monde fini par avoir une chambre et on a juste le temps de prendre une « douche » avant que le soleil ne se couche et qu’il fasse vraiment froid. On réussi à commander à manger au couple qui tient la guesthousse, ce n’est pas évident car elle a peur de nous et refuse de nous parler et lui ne parle spontanément qu’aux hommes… Et on va se coucher afin d’être debout le lendemain à 6h pour partir à 7h.

  • Jour 1 du trek

Nous nous levons donc à 6h pour être au petit déjeuner à 6h30 comme indiqué la veille au couple (j’ai vu qu’ils étaient très long en cuisine alors j’avais voulu anticiper). Peine perdu ils ne nous parlent pas et nous attendons pendant 1h le petit déjeuner avec 3 autrichiennes. Ils finissent pas nous amener 5 assiettes sans nous adresser la parole ou nous demander quoique ce soit: 3 crêpes et 2 sandwiches et nous laissent nous débrouiller avec ca. Les guides ne sont toujours pas là à 8h, on demande donc à des porteurs qui sont dans l’auberge s’ils peuvent les appeler (on a aucune idée du nom des guides ni même du nom de la société à ce moment là…) et quelqu’un finit par venir nous chercher, pas vraiment avec le sourire. Apparemment notre guide n’est pas là et sera remplacé par un guide qui semble être le chef de tous les guides : Ollie, et un autre guide plus sympa mais qui ne parle que peu d’anglais : Deddy (et pas papa ! selon sa propre blague ; et ses seuls mots d’anglais).

Ensuite on attend, on ne sait pas trop quoi mais on attend ! Les porteurs essaient de prévoir ce qu’il faut amener, on dirait qu’ils n’ont jamais fait ça de leur vie alors qu’ils partent en trek toutes les semaines…

Au bout de longtemps (vers 10h45) on finit par partir. Le guide voulait qu’on attende encore mais face à nos demandes il a fini par céder… Il attend encore des gens qui viennent des Gili. Nous on se demande pourquoi on a du se lever si tôt sachant que les autres n’arriveraient pas avant 11h30… Mais on est contents et motivés de partir enfin ! On commence à marcher et au bout de 5 min on se fait arrêter par le policier en charge du Rinjani National Park. Il veut les preuves que nos guides ont payés les droits d’entrées. Évidement ils ne les ont pas, vu qu’ils ne payent pas. On ne part en effet pas par le chemin habituel pour les treks mais de plus bas (941m d’altitude au lieu de 1156m quand même, ca à son importance pour la suite). Les policiers ne sont probablement pas souvent là ! On est donc reparti pour 30min d’attente le temps qu’ils payent à l’office et que le policier nous laisse passer.

On a déjà faim mais on est heureux de partir et notre petit groupe de 7 personnes est assez sympa. On a marché 2 heures et fait 400m de dénivelé avant de s’arrêter pour manger à 1300m d’altitude.

C’est à ce moment là qu’on réalise à quel point nos guides sont désorganisés. On attend 2h pour manger, entre temps on est rejoint par le reste du groupe : 27 personnes en tout font le trek sur 3 jours et 19 personnes sur 2 jours. Ça fait beaucoup ! Et ils se connaissent déjà tous car ils arrivent tous des Gili ce matin, ensemble. Ils nous séparent plus ou moins en deux groupes et nous servent à manger : mie soto (soupe de noodles) avec du riz et de l’ananas. On ne le sait pas encore mais ça sera les seuls fruits qu’ils nous serviront des 3 jours… On a 15 min pour manger et il faut repartir car on est « en retard » pour arriver avant la nuit (sans blague !!) et nous voilà donc lancés pour 3h45 de marche et 1300m de dénivelé positif (évidement on redescend un peu régulièrement sinon c’est pas drôle on n’aurait pas à remonter !). C’est dur, on ne fait aucune pause, on a transpiré au début et il fait très froid ensuite et on se dépêche pour ne pas avoir à terminer la dernière montée (la plus dure) dans la nuit. Les porteurs sont impressionnants : en tongues, souvent cassées, ils grimpent vite avec des poids énormes au bout d’un bout de bambou chargé sur une épaule. Clément a essayer de porter un des paniers à moitié vide et déjà c’était dur. Les porteurs sont en plus sous payés (environ 100000 roupies sur le 1 million et quelque payé par chaque touriste) . Ils ont vraiment du mérite.

 

On arrive finalement en haut à 2639m d’altitude pour voir le soleil se coucher sur le cratère et le lac et la vue nous fait instantanément oublier tout le reste.

15min après notre arrivée, il fait nuit noire, on dormira là. On a de la chance nos tentes se trouvent dans un endroit relativement propre par rapport aux autres campements ! On attend de nouveau 1h20 à la frontale pour manger notre riz sauté aux légumes avec un œuf (nasi goren) et on va se coucher sans demander notre reste pour être en forme à 2h le lendemain matin.

  • Jour 2 du trek

Le réveil sonne à 2h, ça pique mais ça va encore, on n’a pas mal dormi. On englouti quelques gâteaux de notre sac et on décide de partir tous les deux sans attendre les autres (d’autres feront pareils 🙂 ). Il y a déjà plein de gens sur le chemin (on aperçoit les frontales au loin), il n’y a qu’un chemin donc on ne risque pas de se perdre, notre guide de toute façon ne nous attendra pas et on pense mettre plus que les 3 heures annoncées. On ne veut surtout pas louper le lever du soleil depuis là-haut !

On s’attendait à ce que ce soit dur : le sommet est à 3726m on a donc 1087m de dénivelé positif à grimper, mais pas difficile à ce point. La montée est une succession de pierriers de différentes grosseurs et chaque pas effectué nous fait redescendre un peu. La seule lumière que nous avons est celle des frontales. On marche sur la crête du cratère et donc le vide n’est pas loin (ça va ce n’est pas complètement abrupte) et vu comme c’est dur je n’ai même pas le temps d’avoir le vertige. On ne le sait pas encore mais le plus dur est encore devant nous. A 6 h le soleil se lève et on est déjà bien monté, on est maintenant dans la dernière pente, on a la vue magnifique du lever de soleil sur le lac à l’intérieur du cratère et sur la mer au loin, les nuages et l’île de l’autre côté.

Clément profite de la vue. Je trouve aussi que c’est beau mais la difficulté de la montée me gâche un peu le plaisir

A ce moment là on croit qu’on y est presque car on voit le sommet qui est proche mais les gens qui descendent nous disent que le plus dur reste à venir. Ils ont raison : le pierrier est le plus difficile, la pente est à 45 degrés et chaque pas demande un effort considérable (à 3500m d’altitude le souffle est plus difficile). On avance mais le sommet semble toujours plus loin ! Il nous faudra encore 1h15 pour atteindre le sommet, on a été flashés par le radar à près de 255m/h sur les portions les plus difficiles !!! A la fin Clément doit m’aider en me donnant la main et de l’énergie car je suis très fatiguée !

Arrivés en haut la vue vaut vraiment l’effort fournit ! On est tellement heureux et fiers d’avoir réussit et on profite malgré le froid glacial ! Il n’y a presque que des indonésiens avec nous et ils ont fait des pancartes spéciales, on se prend en photo avec eux. L’instant est vraiment magique !

Vient ensuite la descente. Au début c’est sympa de se laisser glisser dans les pierres, un peu comme en ski !

Tout à droite au loin on aperçoit nos tentes sur la crête

Tout à droite au loin on aperçoit nos tentes sur la crête

Mais au bout d’un moment c’est long et on arrive fatigués après 7h de marche (4h45 de montée et 2h15 de descente) au camp. Il est 10h du matin et on a l’impression d’avoir déjà fait une journée de marche.

On est accueilli par une mini crêpe à la banane et on se réchauffe avec un thé et les rayons de soleil !

Les gens de notre groupe viennent alors nous voir. Presque tous veulent changer de programme. Certains veulent rentrer le soir même (par le chemin de la veille, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi, ça demandait beaucoup plus d’énergie…) car ils sont fatigués (plein de gens ne sont pas montés jusqu’en haut mais ont abandonné en route). D’autres veulent repartir car ils ont une réservation à Gili le lendemain soir et le guide leur dit que le port sera déjà fermé quand on rentrera de randonner (ce qui est faux : il y a plein de sortes de bateau et seulement une partie ferme à 17h…). D’autre nous demandent de changer le programme pour la même raison… Le guide essai de baratiner tout le monde car ça l’arrange si tu abandonnes (tu ne manges pas la nourriture que tu as payé), si tu arrives plus tôt (le bateau est moins cher pour lui) et si on change de chemin (on n’a pas à défaire les tentes et porter l’eau et la nourriture). Nous on est pas du tout d’accord. Ils nous ont garanti qu’on aurait un bateau quelle que soit l’heure d’arrivée et vu le prix qu’on a payé on s’en fiche si ça leur revient 2€ plus cher à la fin, et on ne veut pas rentrer par le chemin de la veille. Surtout que je suis très fatiguée et on aurait à remonter 3 h de plus aujourd’hui. Apparemment seulement 3 autres personnes dont 2 français sont d’accord avec nous ! Bref, après de nombreuses discussions on finit par avoir raison et on garde notre planning initial. On est plus que 14 personnes sur les 27 du départs, les autres ayant abandonnés.

On mange ensuite notre déjeuner : une canette de coca et un mie goren (des pâtes sautées aux légumes avec un œuf au plat). Je commence à avoir faim et besoin de protéines !  Et on repart rejoindre le lac. Je suis fatiguée alors j’appréhende la descente mais le guide nous dit qu’il n’y a que 1h de descente et 1h de plat. En réalité, c’est beaucoup plus dur : l’heure de descente est 1 heure 15 dans les rochers à « descalader » ce qui est difficile quand tu n’as plus de cuisses et l’heure de plat est en fait une heure de montées et descentes (les pieds sont maintenant à plat sur un chemin, certes, mais le chemin n’est pas plat du tout). 639 m de dénivelé négatif en 2h15.

En arrivant, on n’est en fait pas arrivés car le guide repart (toujours sans pause) pour les sources chaudes. Elles ne sont pas trop trop loin et on met 20min supplémentaires à les rejoindre.

Les sources ne sont pas des plus glamours mais après des heures à marcher et manger de la poussière (on en est tous recouverts de la tête aux pieds !) on se laisse tenter par un bain à  38 degrés. (Je suis contente d’avoir pensé à prendre mon maillot de bain et du savon !).

On rejoint finalement le lac dans l’autre sens et après une soupe aux légumes avec un peu de riz on s’endort avec les images de la journée dans la tête et des douleurs dans tout le corps !

  • Jour 3 du trek

Départ à 6h30 pour le dernier jour du trek. Ce matin le réveil est dur, la nuit a été courte car très découpée et les jambes sont encore toutes courbaturées des 2 jours précédents.

Au programme aujourd’hui 2h30 de montée et 4h45 de descente, 641 m de dénivelé positif et 2040 m de dénivelé négatif. Premier constat : le guide nous a vraiment baratiné en nous disant que c’était plus dur de ce côté là que de l’autre, ce qui est un peu énervant (si vous lisez ce blog en prévoyant de faire ce trek essayez de ne pas passer par la compagnie Adventure Lombok, logo ci-dessous).

Deuxième constat : ça pique quand même ! La montée est éprouvante car on est fatigués et ca monte bien. Mais la vue est splendide ! Sur le Rinjani suivant l’heure la vue est complètement différente : le matin les nuages sont absents et la vue est magnifique et très vite (vers 10-11h) les nuages se lèvent et là on ne voit plus à 2m. Du coup, on se fait vraiment plaisir et on est contents d’avoir tenu bon pour le choix du chemin !

Vient ensuite la descente. La première heure est un cauchemar pour moi, le sol est très glissant et je tombe plusieurs fois. Mes pieds butent dans mes chaussures et mes orteils me font de plus en plus mal. Je suis contente que Clément soit là pour m’aider. Heureusement, ensuite ça devient sympa, on entre dans une forêt tropicale et c’est cool de marcher dans un environnement complètement différent. La pente est continuelle ce qui est plus agréable. On aperçoit même quelques singes !!

On arrive finalement en bas, contents et très fiers de l’avoir fait, heureux que ce soit derrière nous ! Et affamés après n’avoir au final pas beaucoup manger comparé à l’effort fourni durant les 3 derniers jours.

On prendra ensuite un mini bus et un bateau pour Gili T comme ils l’appellent ici. On est contents de ne pas s’être fait arnaquer pour le bateau car ce n’était pas clair à un moment et on profite du coucher de soleil depuis la plage puis du bateau.

Arrivés à Gili, on récupère notre chambre, on marche tant bien que mal vers la rue principale, nos jambes endolories et mon gros orteil droit complètement explosé et on se dit qu’on a bien mérité un vrai repas en bord de plage pour une fois :

Je suis contente d’avoir fait cette randonnée mais j’y réfléchirai à 4 fois avant de recommencer quelque chose d’aussi éprouvant. Nos guides n’ont pas beaucoup aidé à adoucir l’expérience : pas de pauses, pas de conseils, peu de nourriture, pas d’eau en bouteille (je leur avais demandé explicitement mais ils ont menti)… Certains groupes étaient bien mieux lotis que nous apparemment avec des pauses et des plateaux de fruits frais et des cocktails de fruits à chaque repas, mais c’est difficile de savoir avant de partir dans quelles conditions tu seras, donc pas de regrets.

Les impressions de Clément après ces 3 jours : « fort en émotions, les muscles et les nerfs ont été mis à rude épreuve, on a finalement réussi ensemble et on en a été grandement récompensés par des paysages époustouflants et des scènes de nature incroyable. Ravi de l’expérience et pas mécontent que ce soit terminé non plus !!! »

Les 2 prochains jours de repos sur la plage vont faire du bien !