~Indonésie ~ Sulawesi Sud : la région de Bira

Lundi je pars de Rantepao pour rejoindre Bira tout au Sud de Sulawesi. Il n’y a pas de bus direct donc j’ai du décaler mon départ pour essayer de prendre les différents transports à des heures correctes. Je prend donc le bus de nuit qui m’amène d’abord à Makassar dans la gare routière située au nord de la ville, le terminal Daya. Le voyage est long car je n’arrive pas à dormir. Ils font des pauses régulièrement et à chaque pause les chauffeurs allument toutes les lumières du bus et crient pour réveiller tout le monde. Je pense que c’est pour éviter que quelqu’un demande à aller au toilette en route mais ce n’est pas très agréable !

On arrive ensuite à proximité de la station et les chauffeurs ne parlent pas anglais mais nous font signe de descendre. Il est 5h30 du matin et nous voilà donc au milieu d’une route indéfinie. Je dis nous car j’ai la chance de tomber sur un couple d’allemands en vacances, très sympa et qui vont aussi à Bira ! Je suis bien contente de ne pas être toute seule 🙂 On prend un taxi pour nous amener à la bonne gare routière située tout au Sud de la ville : le terminal Malengkeri, d’où part le peu de bus pour Bira ainsi que tous les kijangs, les voitures collectives. En arrivant à la gare on rejoint un autre couple, des autrichiens cette fois, qui attendent d’autres gens pour remplir une voiture. Ca tombe bien on est 5 en tout et on arrive à négocier pour aller jusqu’à Bira pour un prix raisonnable et en restant 5 dans la voiture. Habituellement ils mettent 10 personnes !

Le trajet de Makassar à Bira est magnifique. On passe d’abord par des rizières qui me font fortement penser aux paysages qu’on a pu voir à Lombok : assez arides et plats, avec des cocotiers et des vendeurs de pastèques tout au long de la route ! J’ai pu d’ailleurs voir des champs de pastèques pour la première fois : c’est assez étrange car la plante est toute petite et on ne voit que des pastèques dépassant du champ à distance régulière.

Ensuite le paysage change radicalement et on arrive dans les salines qui s’étendent sur des kilomètres. Au bord de la rue les femmes vendent le sel dans des énormes sacs similaires aux sacs de riz.

Après on arrive aux cultures aquatiques : des cultures d’algues et d’huîtres perlières principalement. Les algues sont séchées au bord de la route par le soleil et ont de belles couleurs. Ça fait comme un tableau.
Enfin on arrive plus proche de Bira et là on commence à voir les fameux bateaux qui sont la spécialité de la région et on peut apercevoir les premières plages de sable blanc.
On peut aussi voir de nombreux oiseaux ! Il y en a plusieurs espèces que je n’ai jamais vu.

Tout au long du chemin le chauffeur paye les fameuses rétributions. On ne sait pas vraiment à quoi elles servent mais elles sont nombreuses. Plusieurs fois il y a des barrages de police. Ici la corruption est forte mais j’ai été vraiment contente de voir des policiers rendre au chauffeur l’argent qu’il leur refilait automatiquement à chaque contrôle !

On arrive ensuite à Bira plage ou Pantai Bira et on se lance à la recherche d’un hôtel. A 5 c’est plus sympa. Par contre ici les maisons sont presque toutes surélevées, sur piloti ou sur la colline et c’est assez fatiguant de les visiter avec les sacs.

La vue en arrivant nous séduit tout de suite !!

La vue en arrivant nous séduit tout de suite !!

On finit par trouver un hôtel assez bien et pas cher du tout, contrairement à ce que j’avais lu sur internet les prix sont raisonnables ici. Il y a beaucoup d’hôtels car la région avait pour ambition d’attirer les touristes. Ca a bien marché pour les touristes locaux qui viennent en masse le weekend mais pas trop pour les touristes étrangers. Du coup la semaine c’est assez calme. Le patron de mon auberge avait de très bonnes revues sur internet et dans les guides, à la fois pour cette auberge Riswan ou pour l’ancienne, Sunshine guesthouse. Mais il m’a pris en grippe dès le premier jour sans que je comprenne vraiment pourquoi et était un peu bizarre. Sa femme par contre était très gentille. J’ai souvent été déçue quand je me suis retrouvée dans des auberges sollicitées par les guides touristiques les plus connus comme Lonely Planet ou Le Routard. Les patrons de ces établissements ont parfois tendances à s’endormir sur leurs lauriers…

Avant de venir à Bira je ne savais pas trop si ça allait me plaire. La plage peut vite être ennuyante et la région est réputée pour être très calme. Mais j’ai bien fait de venir finalement car j’ai ADORÉ ! Ici il y a quelque chose que je n’avais pas trouvé encore en Indonésie : des villages avec du charme. Les maisons sont très belles, elles sont toutes différentes tout en respectant le même style architectural. Les villages se mélangent harmonieusement avec les plages et la nature environnante.  Il y a aussi de la vie dans les villages, en me promenant j’ai rencontré des familles, des femmes entrain de tisser dans le soubassement de la maison, des hommes entrain de découper du bois afin de faire les pièces nécessaires à la construction des bateaux… C’est très charmant !  J’ai aussi fait de très belles rencontres ici 🙂

Il y a également beaucoup plus de chèvres que de véhicules !! et ca c’est très agréable 🙂
Le premier soir en arrivant on est allé observer le coucher de soleil avec le couple d’allemands en buvant une bière puis on est allé manger dans le meilleur restaurant de la ville : le restaurant de Salassa guesthouse, situé dans la rue principale. J’y suis retourné 3 fois, ce qui ne m’arrive jamais, tellement c’était bon. Leurs fruits de mer et leurs poissons étaient très frais, cuits parfaitement et accompagnés de sauces extraordinaires. C’est la première fois que je mange aussi bien depuis mon arrivée en Indonésie !

Ils ont la réputation d’être lent à servir alors ils en jouent et ont une pancarte marrante à l’intérieur du restaurant :

Le lendemain je me suis lancée à l’exploration de la région à pied.

Je suis d’abord montée en haut de la colline qui domine toute la côte. La vue en haut est superbe mais le chemin un peu solitaire.


Ensuite j’ai traversé les différents villages jusqu’à la plage de Marumasa où j’étais censée pouvoir observer des fabricants de bateaux. Au final la plage était déserte mais belle 🙂 et la traversée du village était très sympa.

Je retrouve le couple d'allemands venu en scooter

Je retrouve le couple d’allemands venu en scooter

Je commençais à être un peu fatiguée mais comme je n’avais pas vu les fabricants de bateaux je me suis dit que j’allais pousser le chemin jusqu’au village de pêcheurs de Kasuso. Sur la pseudo carte donnée à l’auberge c’était marqué que c’était proche.

En Indonésie ils ne savent pas lire ni dessiner des cartes. A chaque fois que j’ai eu un plan sous les yeux il était faux ou approximatif, même les plans des musées ou des parcs. C’est très étrange pour un pays où la question la plus récurrente est : « où vas tu? »

Donc je marche jusqu’à Kasuso qui s’avère situé en bas d’une descente très longue et très pentue… Le village est joli, très authentique. Les gens sont tous des pêcheurs et il y a plein de bateaux et de poissons entrain de sécher. Comme partout ailleurs dans la région l’eau est merveilleusement turquoise et chaude. Il y a aussi des rochers qui dépassent de l’eau. La vue est très belle. Par contre les bords de plage sont assez sales.

Je cherche un restaurant ou un stand qui vendent quelque chose à manger car je commence à avoir bien faim, il est plus de 14h et je suis levée depuis 5h30 ce matin ! Mais ici il n’y a rien du tout et les gens m’expliquent qu’il faut retourner à Bira pour manger.

J’ai la flemme de rentrer à pied et des ampoules plein les pieds. Heureusement ici il y a toujours quelqu’un pour te transporter. Je demande à une femme de me ramener sur la route principale où j’attend un bemo (les mini bus indonésiens pour ceux qui n’auraient pas suivis ! ) qui ne vient pas du coup je monte dans la voiture d’un couple qui font le détour pour me déposer à mon hôtel. C’est bien pratique et très sympa. La voiture est remplie de sacs de riz alors on se tasse à l’avant tous les 3.

Le soir un nouveau couché de soleil

Le soir un nouveau couché de soleil

Le lendemain je veux absolument aller voir les constructeurs de bateaux. Je me rend en bemo à la ville de Tanah Beru située à 18km.

La ville est « grande » pour la région et animée. C’est là que se trouvent les principaux magasins de la régions. Trouver les fabricants de bateaux est assez simple : il suffit d’aller sur la plage. Là il y en a des dizaines, construisant des bateaux plus ou moins gros pour toute l’Indonésie.

L'ancien en reparation

L’ancien en reparation

Le nouveau en construction

Le nouveau en construction

Ce sont uniquement des hommes qui travaillent sur les bateaux. Pour un bateau moyen avec 3 cabines il faut 7 mois de travail pour 5 hommes. Ils construisent tous les bateaux de mémoire et n’ont pas de plans ni de modèles. Les bateaux sont magnifiques. Les hommes sont très sympas et quand ils voient que je m’approche pour voir ce qu’ils font ils me proposent de monter dedans ! C’est assez sport car je suis en jupe/tongs et « l’échelle » est toujours une échelle de fortune faite avec des morceaux de bambou plus ou moins éloignés. Mais c’est génial de voir l’intérieur du bateau et la façon dont les pièces sont sculptées et assemblées. Les hommes travaillent tous en même temps sur une partie différente du bateau et ça donne un joyeux brouhaha !

Cette visite vaut définitivement le détour, c’est vraiment spécifique.

Je retourne ensuite manger à Bira et je rejoins la plage de Bara accessible par la plage de Bira à marée basse. J’arrive à passer tout juste avant que la mer ne monte trop en mettant les pieds dans l’eau à certains endroits. La plage est la plus belle plage de la région et est toujours déserte. Je peux aussi voir des coquillages sympas. L’eau monte peu à peu alors à un moment je me dis que ce n’est pas l’idée du siècle de rester là ! Je monte donc par une échelle au dessus de la falaise et me retrouve dans la meilleure auberge de la région, complètement par hasard. Elle est tenue par un couple anglo-indonésien absolument adorable ! Si jamais je retournais dans cette région j’irai définitivement dormir chez eux, au Cosmos guesthouse. Les chambres sont très belles, la vue est à couper le souffle et il y a un accès direct à la plage. Je profite donc de la vue en buvant un jus de pastèque. J’en profites pour faire la connaissance d’un autre anglais et de sa copine indonésienne 🙂

J’attend que la mer redescende. Mais elle continue de monter, je pensais que l’eau ne montait pas si haut dans cette région. Du coup je finis par repartir par la terre jusqu’à mon auberge avant que la nuit tombe.

Ce soir le couché de soleil est magnifique

Ce soir le couché de soleil est magnifique

Le soir je décide de retourner manger une dernière fois au Salassa et je retombe sur le couple de cet après midi accompagné par un français que j’avais déjà rencontré chez ma loueuse de vélo à Rantepao ! Le monde est petit. On a passé une très bonne soirée tous les 4.

Le lendemain je repars pour Makassar. J’ai demandé à l’auberge de me réserver un transport mais on s’est pris la tête et il a finalement refusé d’appeler son chauffeur. Je pars donc seule ce matin à la recherche d’un transport. Je commence par rejoindre le port à pied mais en chemin je tombe sur une femme qui me demande où je vais. Elle ne parle pas anglais mais son frère arrive à sa rescousse. Il parle très bien anglais car il est en fac d’anglais et il est tout content de me parler. J’attend donc un taxi en sa compagnie. Il adore voyager et a hâte de pouvoir trouver un emploi dans une banque qui lui permettra d’avoir assez d’argent pour voyager en dehors de Sulawesi !

Je reprend ensuite un taxi / bemo pour le port.

Au port je cherche les bus en demandant à plusieurs personnes. Je finis par demander à la sécurité du port qui m’indique où attendre et l’heure approximative d’arrivée du bus depuis l’île voisine. Il n’y a un bus que le matin pour Makassar. Après il faut prendre les kijangs. Parmis les employés il y a une femme Ana qui ne parle par beaucoup anglais mais qui veut me parler. Je passe donc les 45 min d’attente en sa compagnie. Elle me raconte sa vie et la condition des femmes dans son pays. Depuis toute petite elle est battue par son frère et son cousin. Elle est maintenant mariée à un homme qu’elle déteste, depuis 2 ans et ils ont un fils d’un an. Elle ne peut pas divorcer. Ils vivent chez ses parents car elle a trop peur si ils partent vivre dans une autre maison qu’il ne la batte… La vie des femmes ici est très dure. Particulièrement dans les campagnes. Dans les villes elles sont un peu plus libres.

Je monte ensuite dans mon bus, qui me ramène à la station puis je prend un taxi jusqu’à mon hôtel.

Au final ça m’aura coûté beaucoup moins cher, j’ai pu faire de belles rencontres et c’était beaucoup plus confortable de me débrouiller par moi même plutôt que de réserver le kijang auprès de l’auberge. Dans les kijangs je suis trop grande pour profiter du paysage alors que dans le bus j’ai pu faire plein de photos 🙂

Une petite anecdote pour finir ce post :
Un truc assez étonnant en Indonésie et plus particulièrement à Sulawesi dont je n’ai pas encore parlé. Ici les gens ne parlent pas forcément beaucoup pour les aspects pratiques de la vie quotidienne. Dans les magasins, par exemple ils ne prononcent presque aucuns mots. Pareils dans les transports. Pour indiquer au chauffeur qu’on veut monter ou descendre un petit geste suffit : une inclinaison de tête, un signe de la main ou plus surprenant un applaudissement s’il ne vous regarde pas à ce moment là 🙂

~ Indonésie ~ Le Sud du pays Toraja : Londa, Lemo, Kambira et Ke’te Kesu

Aujourd’hui c’est le jour de ma grande balade en vélo ! Je parcours tout de même l’équivalent de 24596 pas.

Je me rend chez ma loueuse de vélo. Hier on s’est mises d’accord sur tout, mon vélo est censé être prêt pour que je parte à 8h. Bien sûr quand j’arrive c’est loin d’être le cas. Elle n’a pas la clef pour l’anti-vol et me dit d’aller voir ailleurs si je ne suis pas contente. Je vais donc voir ailleurs mais les vélos sont moins bien et ils n’ont pas d’anti-vol non plus ou plutôt ils en ont plein mais aucunes clefs. Je fini donc par prendre le vélo de départ car il est vraiment mieux et je repasse dans ma chambre pour chercher mon super cadenas à chaîne pacsafe. A chaque fois que je m’arrêtais quelque part les gens me faisaient des réflexions sur le vélo en disant qu’il était super beau et en me demandant si je l’avais ramené de France ! Je ne passais pas inaperçue encore une fois.


Une fois prête je pars donc pour mon périple au Sud de Rantepao.

C’est agréable d’être en vélo ! Je me sens libre d’aller où je veux, c’est très facile d’observer les paysages et je peux m’arrêter vraiment facilement. Les voitures et les camions qui me doublent passent assez loin de moi. Ce n’est pas dangereux je pense (moins qu’à Lyon ! ). Par contre c’est très très loin d’être plat et la route est cabossée de partout, quand elle existe… alors ça fait travailler les cuisses !

Je me rend d’abord sur le site de Londa.
Je sais que c’est un des endroits les plus visités ici mais je ne sais pas à quoi m’attendre. En arrivant je suis la seule touriste, il est assez tôt, et je suis accueillie par une dizaine de Toraja qui s’ennuient.

Je me rend ensuite sur le site à proprement parler.

Il s’agit de grottes servant de caveaux. A l’entrée on trouve les fameux Tau tau. Les sculptures en bois à l’effigie des personnes décédées. Pour pouvoir les placer ici il faut payer le prix de 24 buffles !

L’entrée est très belle car les cercueils sont mis directement dans la roche, se mélangeant à la nature.

Je n’aime pas trop trop aller dans les grottes, c’est un secret pour personne, mais une grotte remplie de crânes et complètement noire car sans aucun éclairage me tente encore moins, surtout toute seule. Je suis contente de voir arriver un couple d’indonésiens, habitant à Jakarta et venu en vacances dans la région. Je leur explique que j’ai peur d’aller dans les grottes seule et leur demande si je peux aller avec eux. Ils sont super gentils et la femme n’est pas beaucoup plus rassurée que moi 😉 Ils acceptent donc que je vienne avec eux.

L’intérieur de la grotte est assez impressionnant, il y a des cercueils, des ossements et des offrandes : des cigarettes, des bouteilles d’eau, de l’alcool… Si on ne sait pas que ce sont des offrandes on peut facilement penser que c’est sale.

Il y a deux grottes principales, une avec plusieurs pièces. On peut même aller très loin dans la roche si on est prêt à ramper dans les tunnels.

Après ça je me rend à Lemo. Encore pour voir des tombeaux, il n’y a que ça à voir dans la région, cependant ici ça n’a rien de morbide contrairement à ce qu’on pourrait croire vu de l’extérieur.

En arrivant sur le site on est accueilli par une série de tau tau avec de grands yeux blancs avec des pupilles bien noires, les bras tendus vers l’extérieur.

Ils sont à l’extérieur de la falaise et à l’intérieur il y a les caveaux dont on ne voit que les portes. A l’intérieur les caveaux peuvent faire 8m de long, ils sont long à creuser.

Ici seuls les membres d’une grande famille descendant d’un très grand chef Toraja, il y a des centaines d’années, peuvent être mis en caveaux.

La nature aux alentours est très belle, des rizières, des buffles et des collines.


Je suis contente d’être venue en pays Toraja, cette visite a été la plus dépaysante et la plus riche en découvertes culturelles de toutes les visites que j’ai faites depuis que je suis partie de France. Je décide donc de m’offrir un petit souvenir, une fois n’est pas coutume, et j’achète un couple de tau tau réalisé par un artiste local très sympa qui m’explique comment il fait pour réaliser les vrais tau tau.

Les cheveux sont souvent réalisés en fibres d’ananas. Ça rend très bien et apparement c’est solide et ça résiste longtemps aux intempéries.

Je repars ensuite pour Kambira, qui est beaucoup plus au Sud. Je m’arrête en route pour manger un vrai repas qui change des cup noodle ou martabak que je mange depuis que je suis arrivée ici pour revenir dans mon budget. Ici les spécialités ne sont pas très nombreuses et consistes surtout en de la viande cuite dans des bambous comme celle que j’ai pu manger pendant les funérailles. En tant normal comme dans le reste de l’Indonésie ils mangent du riz 3 fois par jour.
J’arrive enfin au site de Kambira, assez fatiguée par la route. Ici il y a des tombes de bébés. Pour les Torajas un bébé est un enfant qui n’a pas encore de dent.

La mort d’un bébé est vécue difficilement ici et pour leur donner une vie ils les mettent dans des arbres. Ils creusent un trou dans le tronc de l’arbre et ensuite place le bébé debout dedans. Ils pensent ainsi que l’enfant va pouvoir continuer de grandir avec l’arbre et ainsi avoir une vie. C’est une très belle croyance je trouve.

L’arbre en lui même n’est pas très impressionnant. Il y a des portes pour refermer les caveaux. Quand l’arbre pousse il « absorbe » le bébé et on ne voit plus que la marque dans l’arbre une fois la porte tombée.

Je recroise un couple de français que j’avais aperçu à Lemo et qui me trouve un peu folle de parcourir la région à vélo toute seule. On discute pendant un long moment de voyages, ils ont parcouru le monde eux aussi pendant leur vacances ces 20 dernières années. Ça fait du bien de discuter avec des gens car ici il n’y a pas de voyageurs solos et les gens en général ne sont pas très bavards.

Je repars ensuite sur la deuxième route pour Rantepao, passant par une autre vallée. Je suis heureuse de constater que la route n’est pas aussi vallonnée que la première, bien qu’elle ne soit toujours pas plate.

Un sculpteur de tau tau

Un sculpteur de tau tau


Je m’arrête en route dans le village traditionnelle de Ke’te Kesu.

Je retrouve le couple de français, impressionné que j’arrive juste après eux en vélo alors qu’ils sont en scooter.

Le village est un peu décevant. Il faut payer 20000 roupies comme partout ici. Et le village est moins beau que des villages que j’ai pu voir gratuitement pendant les visites. J’ai un peu l’impression de m’être fait arnaquer.

Mais ensuite je sors mon guide et je m’aperçois que derrière le village il y a des tombeaux. Ils sont en effet indiqués par une mini pancarte en langage Toraja que je ne comprend bien sur pas ! Ici ils ne facilitent vraiment pas le tourisme étranger bien qu’ils souhaitent le développer…

un sculpteur

un sculpteur

Les tombeaux valent vraiment le coup. Ils sont différents de ceux que j’ai vu auparavant. Il y a d’abord une partie « moderne » où des gens probablement très riches se sont construits des tombeaux un peu extravagants.

Ensuite il y a la partie très ancienne. Les cercueils étaient suspendus sur la falaise.

Avant les cercueils étaient souvent en forme de cochons.

Je rentre ensuite à Rantepao, contente de laisser le vélo car la selle n’est pas très confortable 😉

Je trouve que le vélo est une bonne solution pour visiter la région si on est en bonne condition physique et qu’on n’aime pas trop faire du scooter. C’est bien plus agréable et plus rapide que de prendre les transports en commun, inconfortables et difficiles à comprendre quand on ne parle pas indonésien !

En chemin les gens ont été vraiment sympas, je les intriguais beaucoup, ils me disaient bonjour, où vas-tu ? et m’indiquaient si je prenais bien la bonne route. Beaucoup m’ont dit aussi que j’étais folle de faire ça en vélo. Ici ils ne font plus beaucoup de sport, même presque plus de marche à pied et ça se ressent sur leur santé, en plus du fait que 98% des hommes fument. Avant l’espérance de vie était de 95ans et maintenant les gens meurent autour de 75 ans, en seulement une génération !

~ Indonésie ~ Sulawesi – un jour calme à Rantepao

Aujourd’hui je décide de me reposer et s’organiser ma journée de demain. Je n’ai pas réussi à dormir à cause de l’insolation et je suis un peu fatiguée. Pour obtenir des informations ici c’est assez compliqué. Mon hôtel est absolument d’aucun secours car il ne connaît rien sur tout. La seule chose qu’il peut faire c’est me louer un scooter. Toutes mes questions sont restées sans réponses. Tous les gens à qui j’ai posé des questions m’ont dit que je ne pouvais rien faire seule et que je devais prendre un guide ou un chauffeur.

Je suis allée à l’office du tourisme officiel qui a lui aussi proposé de me vendre les services d’un guide ou d’un chauffeur à moto.

Au final j’ai regardé sur internet et je me suis dit que je pouvais faire les visites au sud de Rantepao en vélo. Les distances ne sont pas trop grandes et j’espère que ce n’est pas top vallonné.

Pour louer un vélo ça a de nouveau été compliqué. Il n’y a pas beaucoup de bureaux touristiques ce qui est surprenant quand on sait que la ville vit du tourisme.

Je finis par me rendre à un festival organisé par l’office du tourisme de la ville et là une personne connaît quelqu’un qui loue un vélo ! Hourra !

Le festival est réalisé en l’honneur de l’indépendance de l’Indonésie. Il y a donc des défilés d’enfants comme on avait vu dans les autres îles auparavant, le discours d’un politique (leurs élections sont en décembre alors les politiques sont en pleine campagne !) et de la danse traditionnelle.

J’étais contente de voir la danse. Les danses ici ne sont pas très dynamiques et les danseuses se contentent de faire des petits pas et des mouvements de bras et de mains.

J’ai aussi pu discuter avec un homme très sympa qui s’occupe de promouvoir le tourisme de sa région et qui parle très bien français. Il m’a demandé de remplir un questionnaire pour lui et en échange il m’a expliqué plein de choses.

Il m’a entre autre montré les photos d’une cérémonie à laquelle je n’ai pas pu assister et qui a lieu tous les ans ici. La cérémonie consiste pour chaque famille à sortir les corps momifiés de ses ancêtres et à les habiller avec de nouveaux habits.

Il m’a expliqué que parfois les corps sont gardés 15 ans dans les familles avant qu’elles n’aient assez d’argent pour réaliser les funérailles. La momification est donc nécessaire.

Il a aussi déploré le fait que de plus en plus de buffles sont tués pendant les cérémonies juste pour montrer aux autres qu’on est plus riche qu’eux. Le gouvernement à limité le nombre à 300 pour une cérémonie suite à des cérémonies où plus de 500 buffles avaient été égorgés !

Dans le petit musée situé au centre de Rantepao (qui est par ailleurs très vide !) j’ai pu voir quelques momies.

Le café, une spécialité locale

Le café, une spécialité locale

L'église qui surplombe le village

L’église qui surplombe le village

~ Indonésie ~ Sulawesi, randonnée en pays Toraja : de Pallawa à Batu Tumonga 

Le programme du jour : parcourir 22916 pas dans les rizières entre Pallawa et Batu Tumonga. Les rizières du mont Tumonga sont réputées pour être les plus belles de la région.

Sur la route on s’arrête pour voir le marché aux animaux de Pasar Bolu qui a lieu tous les 6 jours. C’est un grand marché qui vend plein de trucs dont les animaux destinés aux sacrifices pendant les cérémonies.

Il y a d’abord une partie réservée aux cochons. Ils sont tous saucissonnés sur des bambous ou enfermés dans des sacs pour les plus petits. Ils ne sont pas vendus au poids mais au diamètre de leur ventre qui est mesuré avec une corde, puis avec les bras.

Ils me font vraiment mal au cœur. Avant d’être vendu ils sont élevés dans des mini enclos de 2m sur 2m maximum contenant plusieurs cochons.

Ensuite il y a la partie destinée aux buffles. Ils sont des centaines et ils me font un peu flipper ! Leurs muscles sont vraiment impressionnants. La plupart sont calmes heureusement mais certains sont plus agressifs.

Chaque type de buffle à un nom différent, suivant sa couleur : il y a un nom pour les buffles noirs avec la tête blanche, un pour ceux qui ont juste une petite tache noir en haut du corps… Je ne les ai pas retenu !! Pour être de bonne qualité le buffle doit avoir des épis dans son pelage et des marques blanches sous la gorge. Je n’ai pas très bien compris mais je crois que s’il n’a pas les marques blanches il n’est pas sacré et ne peut pas être sacrifié. Toute la culture Toraja est construite autour de cet animal il y a donc beaucoup de chose à dire à son sujet !!

Le reste du marché est plus classique mais sympa.
Il y a les étales avec tout le matériel pour chiquer par exemple. Ce sont surtout les vieilles dames qui chiquent et leur gencives deviennent rouges ce qui n’est vraiment pas très ragoûtant !

Il y a aussi beaucoup de piment et de café.

Ensuite nous remontons dans une des voitures qui servent de bus ici. On est bien tassés à 11 dans la voiture plus les courses de tout le monde. Il y en a qui ont acheté des plaques électriques et même des toilettes ! Je suis bien plus grande que la moyenne des gens ici alors je touche le plafond et avec la « route » qui n’est pas une route l’heure de transport pour parcourir les 4 km me paraît interminable !

La randonnée ensuite est très belle. On marche dans plein de rizières différentes ce qui n’est pas évident car il n’y a pas de chemin et il ne faut évidemment pas marcher dans le riz. Du coup on se retrouve à faire de la poutre, de l’escalade et des sauts.

Les paysages sont très beaux !

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Le riz traditionnel

un tombeau

un tombeau entrain d’être creusé

Le riz moderne

Le riz moderne

On peut observer aussi la fabrication du vin de palme. L’arbre est coupé, et la sève (déjà fermentée) est récupérée 2 fois par jour dans des bambous.


On croise de nombreux buffles qui ne sont pas attachés ce qui ne me rassure pas trop.

D’ailleurs ce buffle n’a pas aimé que je le prenne et photo et il s’est mis à me courser… Heureusement que le guide était là avec son bâton pour le faire reculer. Je n’ai plus trop fait de photo de buffle après ça bizarrement !

On croise aussi les enfants qui rentrent de l’école. Ici ils n’ont école que le matin souvent de 7h30 à 12 h et vont ensuite aider leurs parents à ramasser du riz ou à cueillir de l’herbe pour le buffle. Je les intrigue beaucoup et ils sont super fiers de me dire « hello miss ! ». La jeune génération ne m’appelle presque pas mister ce qui fait plaisir 🙂


Dans les rizières on peut aussi observer des enfants qui « jouent » avec les oisillons de la rizière et leur lance-pierre. Pas très sympa comme vision.

Le soleil tape très fort aujourd’hui malgré la pluie qui menace et il n’y a aucune ombre. J’ai beau être bien protégée ça ne suffit pas et ce soir j’ai une belle insolation.

~ Indonésie ~ Sulawesi, à la découverte des rites funéraires en pays Toraja

Avant que vous ne lisiez ce post je préfère vous prévenir : je décris ici les cérémonies funéraires auxquelles j’ai assisté aujourd’hui. Il y a des sacrifices d’animaux et les photos peuvent être dérangeantes pour certaines personnes.

Avant de raconter la journée parlons des Torajas :

Les Torajas sont 1800000 aujourd’hui. Ils vivent à Sulawesi Sud principalement mais aussi dans tout le reste de l’Indonésie pour trouver du travail. Ils étaient au départ athées puis animistes (religion maintenant appelée Aluk To Dolo). Depuis 100 ans seulement ils ont été christianisés puis pour une partie islamisés.

Ils ont longtemps vécu coupés du reste du monde et ont donc développé leur propre mode de vie, leur propre culture qu’ils savent préserver aujourd’hui.

Dixit Wikipedia : « Le mot Toraja vient du mot de la langue bugis « to ri aya », qui signifie « gens d’en-haut ». Le gouvernement colonial hollandais donna à ce peuple le nom de Toraja en 1909. Les Torajas sont renommés pour leurs rites funéraires élaborés, leur sites funéraires taillés dans les falaises rocheuses, leurs maisons traditionnelles massives aux toits en pointe connues sous le nom de tongkonan, et leurs sculptures sur bois colorés. »

Les maisons Torajas traditionnelles sont magnifiques et sont composées d’une maison principale, comprenant 3 chambres, et de greniers à riz ayant la même forme que la maison principale mais en plus petite et ne contenant qu’une pièce. Plus la famille est riche plus elle a de greniers à riz (quitte à ce qu’ils soient vides, c’est un signe de puissance et d’appartenance aux castes supérieures).

Leur forme imite le museau des buffles ainsi que celle de bateaux.

Elles sont décorées de peintures représentant des animaux, des buffles, des oiseaux et des insectes, ou des plantes.

Elles sont vraiment impressionnantes et magnifiques.

Sur le fronton il y a toujours un buffle (un faux en sculpture, ou un dessin de buffle) ainsi que la peinture de 2 coqs. Ces 2 coqs symbolisent le courage et l’intelligence animalière et aussi la paix entre les tribus Torajas. Cette tradition date de l’époque où les querelles étaient nombreuses et les gens s’entre-tuaient. Il a donc été décidé par un des chefs que les gens ne se battraient plus entre eux mais feraient se battre deux coqs à leurs places : la victoire irait à l’équipe du coq gagnant. Les combats de coqs sont aujourd’hui interdits mais toujours pratiqués par les animistes pendant les funérailles car c’est une étape symbolique pour eux. (Les chrétiens par contre n’aiment pas les combats de coqs apparement)

Sur la façade il y a aussi les cornes des buffles qui ont été sacrifiés lors des enterrements. Ces cornes sont très précieuses et ne peuvent être achetées. Elles sont offertes au défunt comme on le verra plus tard et sont un signe de respect et de remerciement.

Il y a également parfois des mâchoires de cochons. Celles-ci sont gardées après l’inauguration de la maison. Encore une fois elles symbolisent la richesse de la famille qui a pu acheter autant de cochons pour la fête.

Les maisons traditionnelles ne sont pas confortables alors ils ont maintenant un autre type de maison « à l’américaine » comme dit le guide. Il y a aussi des maisons de style bugis (autre peuple vivant plus au Sud et à l’Ouest de l’île) bien qu’il n’y ai pas de bugis qui vivent ici. Ils ont juste copié leurs maisons qui sont très belles, montées sur pilotis.

Les Torajas ont à cœur de conserver la forme traditionnelle de leur maison alors parfois ils combinent les deux :

Ils construisent aussi souvent un grenier à riz traditionnel dans la cour d’une maison moderne.

Passons maintenant au récit de la journée d’aujourd’hui :

Je me lève tôt ce matin, et je commence par chercher de l’eau et un endroit pour manger un petit déjeuner. Autour de mon hôtel il n’y a que des petits warungs servants tous la même chose alors je me rabat sur un mie goreng (les nouilles sautées), je n’ai pas très faim et ce n’est pas très bon alors je laisse une bonne partie de mon assiette.

A 9 h comme prévu je retrouve mon guide Anis et nous partons pour la première cérémonie. Chez les Torajas la cérémonie des funérailles est la plus importante. Plus importante que le mariage m’a dit le guide. La cérémonie dure plusieurs jours entre 4 et 7 jours, et a plusieurs étapes.

Le mort n’est pas enterré tout de suite après sa mort, pour laisser le temps à la famille d’organiser l’événement et à la famille qui habite loin d’organiser son voyage. Le mort sera donc enterré entre 5 mois et plusieurs années après son décès. Pendant tout ce temps il sera conservé dans sa maison dans du formol. Tant qu’il n’est pas enterré on ne dit pas qu’il est mort. On dit qu’il dort. La famille continue à lui préparer chaque repas et lorsqu’il est prêt à aller le « réveiller » en disant des phrases du genre : « papa il faut te lever le repas est prêt ».

Pour les Torajas si une personne meurt quand elle est âgée et de sa belle mort comme on dit chez nous, ce n’est pas trop triste (bien sûr ils sont un peu triste quand même) mais normal et ça permet aux personnes d’accéder à temps au paradis. Par contre si une personne jeune meurt ou un enfant, là ce n’est pas pareil. Les gens sont alors très tristes.

Les Torajas sont majoritairement chrétiens, il y a 20% de musulmans et des animistes. Les rites funéraires auxquelles j’ai assisté ne concernent bien sûr pas les musulmans.

Pour la fête ils construisent un village spécial sur le terrain de la maison du défunt pour accueillir les invités. Il y a plein de maisons numérotées dans lesquelles les gens sont accueillis la journée et dans lesquelles dorment les membres de la famille proche la nuit. Le village sera démoli à la fin de la semaine.

Il y a aussi bien sûr plusieurs éléments destinés au mort : son cercueil, une charrette humaine dans laquelle il sera placé pour la procession et une maison dans laquelle il sera placé après la procession et pour le reste des jours jusqu’à l’enterrement (ou plutôt la mise en caveau, qui n’est pas enterré mais creusé dans la roche).

Le premier jour est un jour plutôt privé où le mort est accueilli dans son cercueil et placé dans le soubassement d’un des greniers à riz.
Le lendemain a lieu la procession.
Le jour d’après l’accueil des invités.
Ensuite viennent les grands sacrifices animaliers.
Et après l’enterrement à proprement parlé.

Le matin j’ai d’abord assisté au troisième jour de la cérémonie pour un professeur directeur mort il y a 5 mois. Tous les invités doivent amener des cadeaux. J’ai amené une cartouche de cigarettes, achetée par mon guide.

Quand on arrive un membre de la famille nous reçoit dans une des petites pièces, nous parle et nous offre à boire et à manger.

Pour la cérémonie de réception des invités, chaque famille ou groupe invité défile dans la cour du village et est reçu pendant un moment par la famille.
Pendant le défilé certains chantent.
Ils sont toujours accompagnés (et précédés) par les petits enfants du défunt habillés en costumes traditionnels. Le costume est très beau.

les petites filles entrain d'attendre et de jouer

les petites filles entrain d’attendre et de jouer

Ouverture de la cérémonie en musique (elles jouent de la musique avec la cuve utilisée pour préparer le riz)

Ouverture de la cérémonie en musique (elles jouent de la musique avec la cuve utilisée pour préparer le riz)

Ils ouvrent le défilé en dansant et en riant

Ils ouvrent le défilé en dansant et en riant

Ensuite il y a des danseurs / chanteurs qui font parti du village qui font des danses en récitant un poème de condoléance en langue toraja.

Il est coutume d’offrir des buffles ou des cochons lors des funérailles.
L’âme des animaux tués est censée accompagner l’âme du défunt au paradis et lui tenir compagnie. Pour les chrétiens c’est aussi souvent un cadeau fait par les enfants à leurs parents décédés en symbole de tout ce qu’ils ont fait pour eux au cours de leur vie. Plus il y a de buffles mieux c’est.
Il n’est pas rare qu’il y en ait 15, 30 voir plus si la famille est grande et riche. Les buffles sont très chers, plus de 100 millions de roupies. (un repas classique ici ça coûte 8000 roupies max aux locaux pour avoir une idée de l’échelle).

Les buffles ne sont tués que pendant les cérémonies funéraires (ou les mariages). Ils ne sont élevés que pour ça. Si le buffle est albinos avec une tache noir sur le dos c’est encore mieux, il vaut alors jusqu’à 800 millions de roupies ! Une fortune.

Lorsque tous les invités sont là ils font alors la liste des animaux et de qui les a amenés.

Le gouvernement prend une taxe sur chaque animal sacrifié : 200000 roupies pour un cochon, payés directement par les invités. La taxe sur les buffles est quant à elle payée par le famille, et est beaucoup plus chère.

Les sacrifices ont lieux tous les jours afin de nourrir les invités mais le plus grand nombre de sacrifices à lieux le 4iem jour. Rien n’est jeté ni perdu.

Les cochons sont amenés saucissonnés et vivants et posés par terre, prisonniers jusqu’à leur mort. Leurs cris sont assez terribles. Surtout multiplié par 100, 200 voir 300.

Après la cérémonie de réception des invités, nous sommes partis rejoindre une deuxième cérémonie, cette fois celle d’un homme important de la région qui est mort à 95 ans. Sa maison est très grande et la cérémonie aussi.

Aujourd’hui c’est le jour de la procession. C’est le jour le plus spectaculaire je pense pour les touristes comme moi qui venons assister. Quand on arrive on est encore une fois accueilli, avec échange de cadeaux, gâteaux et boissons. Après 12h15, quand le soleil est descendant la cérémonie de procession peut commencer.

En attendant le début de la cérémonie, on patiente en fumant, en discutant

En attendant le début de la cérémonie, on patiente en fumant, en discutant

et en recevant les condoléances

et en recevant les condoléances

Un petit garçon joue avec un sac plastique, indifférent à la fête

Il y a des danseurs qui dansent et chantent. Ils rient beaucoup et très fort. J’ai demandé au guide pourquoi il m’a dit que c’est pour entraîner les gens de la foule à la fête.

les femmes et leur sac traditionnel, contenant les cigarettes

les femmes et leur sac traditionnel, contenant les cigarettes

Le cercueil est ensuite placé dans la charrette humaine. Ca prend un certain temps.

Le cercueil dans le grenier à riz

Le cercueil dans le grenier à riz

Les hommes portent le cercueil

Les hommes portent le cercueil

puis attachent les bambous

puis attachent les bambous

Après les hommes portent la charrette et les femmes se placent devant sous un grand tissu rouge symbolisant le courage. Devant il y a aussi un « collier » en bambou qui sera placé sur la maison du mort en attendant son enterrement. Et encore devant il y a des buffles (tenus en laisse encore heureux car ils sont mégas impressionnants !!). Pour le défilé les cornes des buffles sont décorées spécialement.

On a ensuite une procession, qui ne défile pas bien loin les gens n’aiment pas marcher ici ! Le cercueil est secoué dans tous les sens, les hommes courent avec, reculent, sautent… et les femmes tentent de ne pas se faire écraser (J’ai été avec elles tu ne fais pas la fière quand ils t’arrivent dessus à toute vitesse !).Le cercueil est ensuite ramené à son point de départ et là à lieux une énorme bataille d’eau. Les gens finissent trempés et mort de rire (moi avec bien sur, ils sont contents de pouvoir arroser une bule 🙂 )

Le mort est ensuite placé dans sa maison temporaire.

Le toit de la charrette, en forme de nez de buffle lui aussi, est gardé et sera placé au dessus de son tombeau à la fin de la semaine.

Une fois le mort placé il y a eu des danses, des processions d’invités comme ce matin et des sacrifices. J’ai assisté au sacrifice d’un des buffles. Ils sont égorgés ce qui est très rapide. Par contre une fois à terre il a mis un moment avant de vraiment mourir.

Après il est dépecé (mais ça je n’ai pas voulu y assister) et découpé. Les meilleurs morceaux sont offerts à des gens des plus hautes castes, à la famille, au maître de cérémonie… Et les autres sont vendus aux enchères. Les gens achètent la viande et la ramène chez eux au bout d’un bout de ficelle ou d’un bout de bambou.

L’odeur est assez forte car l’ensemble prend un long moment et le soleil tape fort.

Les cochons quant à eux sont éventrés, éviscérés et leur ventre est brûlé.

Ils sont ensuite découpés, assaisonnés avec du sel, de l’oignon et de la menthe (beaucoup de menthe !) et cuits à l’intérieur de bambous, à l’étouffé.

Ils nous ont servis le porc après à manger à 15h mais je n’avais pas très faim. La chaleur était grande et le porc un peu rosé. Vu les conditions d’hygiène j’ai juste goûté un tout petit bout : c’est très bon.

La journée se termine par des combats de buffles (les combats de coqs c’est interdit à cause des bagarres pas pour la cause animale…). Les combats de buffles sont autorisés car les paris réalisés dessus sont avec des sommes plus élevées (la logique je ne l’ai pas très bien comprise …) Je me suis dit que j’allais rester pour voir. Ca ne m’a pas du tout plu. Je me suis préparé à de la violence mais pas du tout. Les spectateurs étaient pour la plupart bien éméchés et vu les remarques qu’ils me faisaient j’étais contente d’être accompagnée par un guide. Les buffles quant à eux n’avaient pas du tout envie de se battre et se passaient à côté en s’évitant poliment.

Ce qui m’a vraiment déplu s’était l’obsession des hommes à vouloir que ces bêtes se tapent dessus. Ils les poussaient l’un contre l’autre, criaient, les repoussaient dans l’autres sens… Tant d’énergie dépensée pour créer une bagarre inexistante et inutile c’était vraiment dérangeant et je suis partie en plein milieu du « combat ».

Cette journée à été riche en émotions et en découvertes. J’ai beaucoup aimé m’immerger dans la façon de penser si différente des gens d’ici même si c’était aussi éprouvant.

Je suis heureuse d’avoir pris un guide malgré le prix : les cérémonies étaient difficiles d’accès et les codes sont très différents de nos codes. Je pense que je n’aurai pas compris grand chose sans guide. Et plusieurs fois je n’osais pas aller à un endroit ou prendre des photos et mon guide m’a dit que je pouvais le faire sans problème. Au contraire il y a de petites choses comme par exemple le fait qu’il ne faille pas rester devant l’entrée d’un grenier à riz qui ne me seraient pas nécessairement venues à l’esprit.

~ Indonésie ~ Sulawesi, de Makassar à Rantepao : arrivée au pays de la mort

Aujourd’hui je parcours les 320km entre Makassar et Rantepao en plus de 10h. Ca vous donne une idée de l’état des routes ici ! La station de bus est excentrée alors je prend un taxi pour m’y rendre. Le mec de l’hôtel indique où je dois me rendre au chauffeur, qui n’écoute pas et qui naturellement ne me dépose pas au bon endroit. C’est pas grave je suis dans les locaux de la compagnie de bus et non dans la gare routière mais ils m’acceptent quand même de me garder après négociation. Après un moment je suis rejointe par d’autres personnes. On ne peut pas monter directement dans le bus par contre. On doit faire le trajet entre les locaux et la gare en mini bus tout défoncé, en parallèle du bus vide ne contenant que nos bagages. Puis monter dans le bus une fois dans la gare. Je n’ai pas tout à fait compris la logique de la logistique mais ici il faut souvent ne pas chercher à trop comprendre !

Une fois dans le bus, on attend plus d’une heure. Personne ne parle anglais alors je ne suis pas sûre mais je crois qu’on attendait une dame en retard. On part enfin mais le bus n’est pas plein alors les chauffeurs font des détours dans la ville en criant : « Toraja, Toraja », essayant de rameuter du monde ! Je me demande si ça marche parfois et si les gens se disent : « tient aujourd’hui au lieu d’aller faire mes courses je ferai bien 10h de bus finalement pour rejoindre l’autre côté du pays » et montent dans le bus à l’improviste…

Une fois parti le trajet est vraiment beau, il aurait été dommage de le faire de nuit (il n’y a que deux départs 9h et 21h).

On passe d’abord à l’Ouest près de la côte où on peut observer la mer et les maisons bugis sur pilotis.

Miam des pâtes au citron, ça change !

Miam des pâtes au citron, ça change !

Ensuite on revient plus au centre dans les montagnes et on commence à voir les fameuses maisons Torajas 🙂

Les paysages sont à couper le souffle. Je n’ai pas pu prendre beaucoup de photo malheureusement mais j’en ai pris une pendant une pause :

Ca donne une petite idée même si ce n’était pas l’endroit le plus beau.


Après de longues heures et plusieurs arrêts où les gens ont été super sympas avec moi et me faisaient des signes pour m’expliquer ce qui se passait, on arrive enfin.

A peine descendue du bus je suis accostée par un guide, Yohanis mais qui se fait appeler Anis. (Ici ils ont des prénoms chrétiens ils sont plus faciles à retenir pour moi ! ) On discute longtemps et on finit par se mettre d’accord sur un prix. Il sera donc mon guide pour les deux prochains jours : demain on part voir des funérailles et après-demain on fera une randonnée dans les rizières. Les guides sont chers ici, leur tarifs sont alignés et sont les mêmes pour une heure, une journée, une personne ou 10 personnes. En étant seule je paye donc le prix fort mais je pense que la culture ici est difficile à appréhender seule alors ça vaut le coup.

~ Indonésie ~ Sulawesi, 2 jours à Makassar 

Samedi soir je suis arrivée à Makassar. Le trajet a été long car je suis malade depuis cette nuit, je crois que je n’aurais pas du manger autant de longan !

L’aéroport de Makassar est sympa car il a déjà une forme très typique de l’île :

Je rejoins mon hôtel au centre ville grâce à une navette. Elle n’est pas chère et pratique mais en chemin ils changent d’avis et décident de ne plus aller jusqu’au terminus car il est trop tard… Heureusement je suis assise à côté d’un homme très sympa qui vient d’un petit village à côté de Makassar et qui travail à Jakarta (et qui parle anglais chose rare ici !!). Il m’aide à négocier avec le chauffer qui lui ne parle pas un mot d’anglais et qui finalement nous dépose pas trop trop loin de l’endroit initialement prévu. L’homme me propose de me déposer en taxi à l’hôtel mais ça lui ferait un grand détour et je n’ai que 15min de marche alors je refuse. Je suis quand même contente d’être enfin arrivée à mon hôtel car la chaleur est intense ici même quand il fait nuit et je suis partie depuis plus de 12h maintenant.

Je décide de rester 2 jours à Makassar avant de repartir pour pouvoir me reposer et récupérer la forme car je suis encore malade le lendemain.

Ici il fait très très très chaud ! La température en elle-même est proche du reste de l’Indonésie mais le soleil tape, il assomme même. La plupart des gens ont une peau beaucoup plus foncée que dans les autres îles indonésiennes que j’ai traversé.

Il y a peu de chose à voir dans cette ville : principalement le fort, la rue des vendeurs d’or et le bord de mer. En deux jours j’ai donc largement le temps de faire les 3 🙂

Se balader ici est fatiguant à cause de la chaleur bien sûr mais surtout à cause des gens. Il n’y a pas beaucoup de touristes ici, même en pleine saison, encore moins de touriste seul, alors tout le monde me parle, tout le temps… Enfin essaie de me parler car ils ne comprennent et ne parlent presque pas anglais. Ils m’appellent d’ailleurs presque tous mister ! Certains sont sympas d’autres insistants et à la fin de la journée j’en ai vraiment marre et envie d’une minute où je pourrai marcher un peu tranquille.

  • Le fort Rotterdam

Cette forteresse est l’un des plus beaux exemples d’architecture coloniale hollandaise. Elle est bâtie sur les murs d’une forteresse portugaise, elle-même construite sur les ruines d’un fort du sultan de Gowa. Le fort, achevé en 1666, compte 13 bâtisses dans son enceinte : 11 d’entre elles furent restaurées par les Hollandais, puis 2 par les Japonais durant la guerre.

J’ai lu qu’il ne faut pas visiter le fort le dimanche mais je n’ai pas le choix car il est fermé le lundi. En arrivant je comprend vite pourquoi… Le fort est rempli des habitants de Makassar qui viennent tuer le temps ici, l’enceinte du fort en elle-même est gratuite, seuls les musées sont payants. Ce week-end en plus il y a un festival de nourriture à l’intérieur (Ca c’est cool, j’ai de la chance 🙂 ). Quand j’arrive les gens me saluent, rigolent quand je leur répond. C’est sympa mais ensuite une horde de petites filles décide de me suivre PARTOUT ! Les gens ont beau leur dire d’arrêter elles continuent pendant un long moment ce qui est plutôt oppressant.

Le fort est sympa. L’architecture est simple et les bâtiments sont bien préservés.

Il y a 2 musées : un où on ne comprend rien du tout et un qui est super et résume bien l’agriculture et les modes de vies de Sulawesi. Dans ce deuxième musée tout ou presque est traduit en anglais et les explications ne sont pas trop mal faites même si les phrases sont un peu bizarres parfois. La culture à Sulawesi ou plutôt les cultures sont très différentes de celles de Java ou de Bali. Et encore plus éloignées de notre culture je trouve. Ici par exemple on pratique toujours l’excision. Le rapport aux animaux est aussi très différent de chez nous.
Je suis contente d’avoir commencé par ce musée qui fait une belle introduction à mes prochains jours.

Je passe la journée dans le fort, profitant des animations et de la nourriture.

  • La rue des vendeurs d’or

Une des rues les plus célèbres ici est la rue des vendeurs d’or, la rue Sombaopu.

C’est assez impressionnant de voir le nombre de marchants dans cette rue ! Et la longueur de la rue. Ils ont tous une boutique, ressemblant à nos bijouteries, et ils se placent devant avec une balance de précision, prêt à vendre et acheter de l’or. Les magasins ont pour la plupart des noms de lieux étrangers : toko mas Paris, toko mas Honolulu… C’est très dépaysant.

En Indonésie ils aiment bien regrouper tous les marchands spécialisés dans un même lieu : à Bali ils faisaient déjà ça, à Java aussi et ici de nouveau. La concurrence fait rage même s’ils en profitent aussi pour aligner leurs prix.

  • Le bord de mer

Le bord de mer est bien aménagé ici, il est sympa de s’y promener et d’observer les différentes sculptures montrant les spécialités de la régions :

Il y a aussi une très belle mosquée, construite sur l’eau :


Ces deux jours à Makassar m’ont fait du bien et m’ont permis de retrouver la forme avant d’attaquer le trajet pour Rantepao demain.