Lundi je pars de Rantepao pour rejoindre Bira tout au Sud de Sulawesi. Il n’y a pas de bus direct donc j’ai du décaler mon départ pour essayer de prendre les différents transports à des heures correctes. Je prend donc le bus de nuit qui m’amène d’abord à Makassar dans la gare routière située au nord de la ville, le terminal Daya. Le voyage est long car je n’arrive pas à dormir. Ils font des pauses régulièrement et à chaque pause les chauffeurs allument toutes les lumières du bus et crient pour réveiller tout le monde. Je pense que c’est pour éviter que quelqu’un demande à aller au toilette en route mais ce n’est pas très agréable !
On arrive ensuite à proximité de la station et les chauffeurs ne parlent pas anglais mais nous font signe de descendre. Il est 5h30 du matin et nous voilà donc au milieu d’une route indéfinie. Je dis nous car j’ai la chance de tomber sur un couple d’allemands en vacances, très sympa et qui vont aussi à Bira ! Je suis bien contente de ne pas être toute seule 🙂 On prend un taxi pour nous amener à la bonne gare routière située tout au Sud de la ville : le terminal Malengkeri, d’où part le peu de bus pour Bira ainsi que tous les kijangs, les voitures collectives. En arrivant à la gare on rejoint un autre couple, des autrichiens cette fois, qui attendent d’autres gens pour remplir une voiture. Ca tombe bien on est 5 en tout et on arrive à négocier pour aller jusqu’à Bira pour un prix raisonnable et en restant 5 dans la voiture. Habituellement ils mettent 10 personnes !
Le trajet de Makassar à Bira est magnifique. On passe d’abord par des rizières qui me font fortement penser aux paysages qu’on a pu voir à Lombok : assez arides et plats, avec des cocotiers et des vendeurs de pastèques tout au long de la route ! J’ai pu d’ailleurs voir des champs de pastèques pour la première fois : c’est assez étrange car la plante est toute petite et on ne voit que des pastèques dépassant du champ à distance régulière.
Ensuite le paysage change radicalement et on arrive dans les salines qui s’étendent sur des kilomètres. Au bord de la rue les femmes vendent le sel dans des énormes sacs similaires aux sacs de riz.
Après on arrive aux cultures aquatiques : des cultures d’algues et d’huîtres perlières principalement. Les algues sont séchées au bord de la route par le soleil et ont de belles couleurs. Ça fait comme un tableau.
Enfin on arrive plus proche de Bira et là on commence à voir les fameux bateaux qui sont la spécialité de la région et on peut apercevoir les premières plages de sable blanc.
On peut aussi voir de nombreux oiseaux ! Il y en a plusieurs espèces que je n’ai jamais vu.
Tout au long du chemin le chauffeur paye les fameuses rétributions. On ne sait pas vraiment à quoi elles servent mais elles sont nombreuses. Plusieurs fois il y a des barrages de police. Ici la corruption est forte mais j’ai été vraiment contente de voir des policiers rendre au chauffeur l’argent qu’il leur refilait automatiquement à chaque contrôle !
On arrive ensuite à Bira plage ou Pantai Bira et on se lance à la recherche d’un hôtel. A 5 c’est plus sympa. Par contre ici les maisons sont presque toutes surélevées, sur piloti ou sur la colline et c’est assez fatiguant de les visiter avec les sacs.
On finit par trouver un hôtel assez bien et pas cher du tout, contrairement à ce que j’avais lu sur internet les prix sont raisonnables ici. Il y a beaucoup d’hôtels car la région avait pour ambition d’attirer les touristes. Ca a bien marché pour les touristes locaux qui viennent en masse le weekend mais pas trop pour les touristes étrangers. Du coup la semaine c’est assez calme. Le patron de mon auberge avait de très bonnes revues sur internet et dans les guides, à la fois pour cette auberge Riswan ou pour l’ancienne, Sunshine guesthouse. Mais il m’a pris en grippe dès le premier jour sans que je comprenne vraiment pourquoi et était un peu bizarre. Sa femme par contre était très gentille. J’ai souvent été déçue quand je me suis retrouvée dans des auberges sollicitées par les guides touristiques les plus connus comme Lonely Planet ou Le Routard. Les patrons de ces établissements ont parfois tendances à s’endormir sur leurs lauriers…
Avant de venir à Bira je ne savais pas trop si ça allait me plaire. La plage peut vite être ennuyante et la région est réputée pour être très calme. Mais j’ai bien fait de venir finalement car j’ai ADORÉ ! Ici il y a quelque chose que je n’avais pas trouvé encore en Indonésie : des villages avec du charme. Les maisons sont très belles, elles sont toutes différentes tout en respectant le même style architectural. Les villages se mélangent harmonieusement avec les plages et la nature environnante. Il y a aussi de la vie dans les villages, en me promenant j’ai rencontré des familles, des femmes entrain de tisser dans le soubassement de la maison, des hommes entrain de découper du bois afin de faire les pièces nécessaires à la construction des bateaux… C’est très charmant ! J’ai aussi fait de très belles rencontres ici 🙂
Il y a également beaucoup plus de chèvres que de véhicules !! et ca c’est très agréable 🙂
Le premier soir en arrivant on est allé observer le coucher de soleil avec le couple d’allemands en buvant une bière puis on est allé manger dans le meilleur restaurant de la ville : le restaurant de Salassa guesthouse, situé dans la rue principale. J’y suis retourné 3 fois, ce qui ne m’arrive jamais, tellement c’était bon. Leurs fruits de mer et leurs poissons étaient très frais, cuits parfaitement et accompagnés de sauces extraordinaires. C’est la première fois que je mange aussi bien depuis mon arrivée en Indonésie !
Ils ont la réputation d’être lent à servir alors ils en jouent et ont une pancarte marrante à l’intérieur du restaurant :
Le lendemain je me suis lancée à l’exploration de la région à pied.
Je suis d’abord montée en haut de la colline qui domine toute la côte. La vue en haut est superbe mais le chemin un peu solitaire.
Ensuite j’ai traversé les différents villages jusqu’à la plage de Marumasa où j’étais censée pouvoir observer des fabricants de bateaux. Au final la plage était déserte mais belle 🙂 et la traversée du village était très sympa.
Je commençais à être un peu fatiguée mais comme je n’avais pas vu les fabricants de bateaux je me suis dit que j’allais pousser le chemin jusqu’au village de pêcheurs de Kasuso. Sur la pseudo carte donnée à l’auberge c’était marqué que c’était proche.
En Indonésie ils ne savent pas lire ni dessiner des cartes. A chaque fois que j’ai eu un plan sous les yeux il était faux ou approximatif, même les plans des musées ou des parcs. C’est très étrange pour un pays où la question la plus récurrente est : « où vas tu? »
Donc je marche jusqu’à Kasuso qui s’avère situé en bas d’une descente très longue et très pentue… Le village est joli, très authentique. Les gens sont tous des pêcheurs et il y a plein de bateaux et de poissons entrain de sécher. Comme partout ailleurs dans la région l’eau est merveilleusement turquoise et chaude. Il y a aussi des rochers qui dépassent de l’eau. La vue est très belle. Par contre les bords de plage sont assez sales.
Je cherche un restaurant ou un stand qui vendent quelque chose à manger car je commence à avoir bien faim, il est plus de 14h et je suis levée depuis 5h30 ce matin ! Mais ici il n’y a rien du tout et les gens m’expliquent qu’il faut retourner à Bira pour manger.
J’ai la flemme de rentrer à pied et des ampoules plein les pieds. Heureusement ici il y a toujours quelqu’un pour te transporter. Je demande à une femme de me ramener sur la route principale où j’attend un bemo (les mini bus indonésiens pour ceux qui n’auraient pas suivis ! ) qui ne vient pas du coup je monte dans la voiture d’un couple qui font le détour pour me déposer à mon hôtel. C’est bien pratique et très sympa. La voiture est remplie de sacs de riz alors on se tasse à l’avant tous les 3.
Le lendemain je veux absolument aller voir les constructeurs de bateaux. Je me rend en bemo à la ville de Tanah Beru située à 18km.
La ville est « grande » pour la région et animée. C’est là que se trouvent les principaux magasins de la régions. Trouver les fabricants de bateaux est assez simple : il suffit d’aller sur la plage. Là il y en a des dizaines, construisant des bateaux plus ou moins gros pour toute l’Indonésie.
Ce sont uniquement des hommes qui travaillent sur les bateaux. Pour un bateau moyen avec 3 cabines il faut 7 mois de travail pour 5 hommes. Ils construisent tous les bateaux de mémoire et n’ont pas de plans ni de modèles. Les bateaux sont magnifiques. Les hommes sont très sympas et quand ils voient que je m’approche pour voir ce qu’ils font ils me proposent de monter dedans ! C’est assez sport car je suis en jupe/tongs et « l’échelle » est toujours une échelle de fortune faite avec des morceaux de bambou plus ou moins éloignés. Mais c’est génial de voir l’intérieur du bateau et la façon dont les pièces sont sculptées et assemblées. Les hommes travaillent tous en même temps sur une partie différente du bateau et ça donne un joyeux brouhaha !
Cette visite vaut définitivement le détour, c’est vraiment spécifique.
Je retourne ensuite manger à Bira et je rejoins la plage de Bara accessible par la plage de Bira à marée basse. J’arrive à passer tout juste avant que la mer ne monte trop en mettant les pieds dans l’eau à certains endroits. La plage est la plus belle plage de la région et est toujours déserte. Je peux aussi voir des coquillages sympas. L’eau monte peu à peu alors à un moment je me dis que ce n’est pas l’idée du siècle de rester là ! Je monte donc par une échelle au dessus de la falaise et me retrouve dans la meilleure auberge de la région, complètement par hasard. Elle est tenue par un couple anglo-indonésien absolument adorable ! Si jamais je retournais dans cette région j’irai définitivement dormir chez eux, au Cosmos guesthouse. Les chambres sont très belles, la vue est à couper le souffle et il y a un accès direct à la plage. Je profite donc de la vue en buvant un jus de pastèque. J’en profites pour faire la connaissance d’un autre anglais et de sa copine indonésienne 🙂
J’attend que la mer redescende. Mais elle continue de monter, je pensais que l’eau ne montait pas si haut dans cette région. Du coup je finis par repartir par la terre jusqu’à mon auberge avant que la nuit tombe.
Le soir je décide de retourner manger une dernière fois au Salassa et je retombe sur le couple de cet après midi accompagné par un français que j’avais déjà rencontré chez ma loueuse de vélo à Rantepao ! Le monde est petit. On a passé une très bonne soirée tous les 4.
Le lendemain je repars pour Makassar. J’ai demandé à l’auberge de me réserver un transport mais on s’est pris la tête et il a finalement refusé d’appeler son chauffeur. Je pars donc seule ce matin à la recherche d’un transport. Je commence par rejoindre le port à pied mais en chemin je tombe sur une femme qui me demande où je vais. Elle ne parle pas anglais mais son frère arrive à sa rescousse. Il parle très bien anglais car il est en fac d’anglais et il est tout content de me parler. J’attend donc un taxi en sa compagnie. Il adore voyager et a hâte de pouvoir trouver un emploi dans une banque qui lui permettra d’avoir assez d’argent pour voyager en dehors de Sulawesi !
Je reprend ensuite un taxi / bemo pour le port.
Au port je cherche les bus en demandant à plusieurs personnes. Je finis par demander à la sécurité du port qui m’indique où attendre et l’heure approximative d’arrivée du bus depuis l’île voisine. Il n’y a un bus que le matin pour Makassar. Après il faut prendre les kijangs. Parmis les employés il y a une femme Ana qui ne parle par beaucoup anglais mais qui veut me parler. Je passe donc les 45 min d’attente en sa compagnie. Elle me raconte sa vie et la condition des femmes dans son pays. Depuis toute petite elle est battue par son frère et son cousin. Elle est maintenant mariée à un homme qu’elle déteste, depuis 2 ans et ils ont un fils d’un an. Elle ne peut pas divorcer. Ils vivent chez ses parents car elle a trop peur si ils partent vivre dans une autre maison qu’il ne la batte… La vie des femmes ici est très dure. Particulièrement dans les campagnes. Dans les villes elles sont un peu plus libres.
Je monte ensuite dans mon bus, qui me ramène à la station puis je prend un taxi jusqu’à mon hôtel.
Au final ça m’aura coûté beaucoup moins cher, j’ai pu faire de belles rencontres et c’était beaucoup plus confortable de me débrouiller par moi même plutôt que de réserver le kijang auprès de l’auberge. Dans les kijangs je suis trop grande pour profiter du paysage alors que dans le bus j’ai pu faire plein de photos 🙂
Une petite anecdote pour finir ce post :
Un truc assez étonnant en Indonésie et plus particulièrement à Sulawesi dont je n’ai pas encore parlé. Ici les gens ne parlent pas forcément beaucoup pour les aspects pratiques de la vie quotidienne. Dans les magasins, par exemple ils ne prononcent presque aucuns mots. Pareils dans les transports. Pour indiquer au chauffeur qu’on veut monter ou descendre un petit geste suffit : une inclinaison de tête, un signe de la main ou plus surprenant un applaudissement s’il ne vous regarde pas à ce moment là 🙂