Sucre est une des plus belles villes qu’on a visité depuis un moment.
Ici tout est blanc ! Non pas comme le sucre 😉 Le nom de la ville provient du second président bolivien (le vénézuélien Antonio José de Sucre), et en hommage au 25 mai qui est une date symbolique pour le pays, les murs des bâtiments du centre ville sont repeints en blanc chaque année. En effet, le 25 Mai 1809 est le jour de la révolte de Chuquisaca qui correspond au « premier cri libérateur d’indépendance » du pays.
Sucre est une des deux capitales, la capitale constitutionnelle de la Bolivie. Les plus importants édifices de la ville, dont la Casa de la Libertad où fut signée l´indépendance du pays, la préfecture du département et la cathédrale, sont situés autour de la place principale, la place du 25 mai.
La visite de la casa de la libertad a été particulièrement intéressante. Nous sommes tombés sur une guide extra, qui avait à cœur de transmettre l’histoire de son pays. On a pu lui poser plein de questions, sur l’histoire mais aussi sur la relation entre les indiens et les « boliviens » qui est toujours aujourd’hui très compliquée.
On a aussi pu en apprendre plus sur le drapeau andin que l’on voit depuis notre arrivée en Patagonie et qui est ici un des deux drapeaux officiels. Il symbolise en réalité l’union entre tous les peuples vivants dans la Cordillère des Andes.
Nos pas nous ont ensuite amené au parc Simon Bolivar où l’on peut trouver une tour Eiffel (moins classe que la notre tout de même !). Le parc est super sympa le weekend car les familles viennent s’y promener. Les enfants peuvent participer à des ateliers de peinture, faire du manège ou manger des sucreries.
C’est malheureusement dans ce parc qu’on a pu voir une des scènes qui nous a le plus choquées pendant le voyage. Il y a un atelier avec des petites voitures pour que les enfants montent dedans et se baladent, comme dans beaucoup de villes. Sauf qu’ici se sont les enfants pauvres qui courent à côtés des voitures dans lequel sont placés les enfants riches, et les poussent pour qu’elles avancent. C’est difficile à décrire mais la scène était vraiment étrange.
Un après-midi, nous sommes montés au sommet de la ville, dans le quartier Recolleta, sur le belvédère afin de déguster un café-banane et un cappuccino avec la vue sur la ville et la région.
Notre moment préféré a été la visite du couvent de San Felipe de Neri. Le couvent abrite aujourd’hui un collège mais peu aussi se visiter. Le lieu est vraiment très beau. On peut aussi monter sur le toit et avoir une belle vue sur la ville.
Notre auberge de jeunesse organisait des démonstrations de danses traditionnelles boliviennes. C’était super de pouvoir assister au spectacle, et en plus gratuitement. Les boliviens ont de nombreuses danses et de nombreux costumes très colorés, mélangeant le influences indiennes aux influences espagnoles.
A sucre on a comme dans les autres villes boliviennes mangés beaucoup de pop corn. Il est vendu dans la rue par des chulas, est toujours salé et ne coûte rien du tout.
J’ai aussi remangé une saltenas (soit disant pas trop sucrée!) et des gâteaux frits à la confiture.
Sucre est également la première ville de la Bolivie que nous traversons à avoir un supermarché ! Le comble de la modernité par ici.
On a aussi pu se régaler au marché de la ville entre les jus de fruit frais, la dégustations de fruits inconnus chez les vendeuses de fruits, les petites comidas et les sandwiches aux chorizos il y avait de quoi faire 🙂
Devant un vendeur de chorizo on a d’ailleurs rencontré un bolivien super sympa qui nous a conseillé toutes les spécialités du pays et dit d’aller visiter Coroico.
Sucre est aussi la ville du chocolat 🙂 La chocolaterie la plus connue s’appelle Para ti et on peut y trouver plein de chocolats aromatisés avec des saveurs locales comme la coca, le piment, le quinoa et notre préféré le chocolat au sel d’Uyuni !
Résumé de l’histoire de la libration du pays : ‘Le mouvement d’indépendance Bolivien débute par la révolte des populations indigènes. Ces soulèvements qui se sont déroulés de 1779 à 1781, n’aboutissent pas car matés par les espagnols. Toutefois, ils impulsent le mouvement d’indépendance bolivien déjà incarné par de grandes figures telles que Tùpac Amaru II. En fait, ce sont les soulèvements de Chuquisaca (actuellement Sucre) puis celui de La Paz de 1809 qui constituent le point de départ des guerres d’indépendance de tout le continent américain. Ainsi, le soulèvement populaire de Chuquisaca du 25 mai 1809 contre le gouverneur est considéré comme le premier mouvement indépendantiste d’Amérique latine et fonde véritablement l’identité et l’histoire latino-américaine. D’où son nom; Primer Grito Libertario de América. Mais c’est seulement en 1825 que le haut Pérou déclare son indépendance sous le nom de République de Bolivar, ensuite changée en République de Bolivie, puis reconnue officiellement le 6 aout de la même année.
Simon Bolivar a joué un rôle central dans la construction des nations d’Amérique latine et l’identité sud américaine, mais il semble que c’eût été la Bolivie qui ait montré le plus grand attachement au personnage du Libertador, en adoptant son nom. Le 18 mai 1826, Bolivar signe un décret reconnaissant l’indépendance de la Bolivie par le Pérou, pays auquel la toute nouvelle nation était attachée. Peu après, le nom du pays est choisi en hommage à Simon Bolivar qui est, dans le même temps, honoré du titre de « Père de la République et Chef suprême de l’Etat ». Bolivar, très reconnaissant, refuse toutefois la fonction de président de Bolivie qui lui est offerte.
Le personnage historique du Libertador qu’incarne Simon Bolivar est ancré dans l’histoire de la Bolivie et va même jusqu’à définir l’identité du pays. Ainsi, quand les politiques en viennent à trouver un nom pour le jeune pays, un député (M. Martin Cruz) dit que tout comme Rome vient de Romulus, de Bolivar viendrait Bolivie, assimilant directement la construction mythique de la grande Rome – et, par la suite de l’empire romain – à la construction de la Bolivie.
Bolivar rend bien l’attachement que lui porte la Bolivie, en l’appelant sa hija predilecta (fille préférée), le choix des mots renvoyant directement à une filiation paternelle avec le pays, largement revendiquée et célébrée dès lors. Mais Bolivar s’éloigne très vite de sa nouvelle œuvre, porté par son projet panaméricain. Bolivar a, en effet construit le pays de la Bolivie, mais n’en a pas pour autant fait une nation au sens de la philosophie des Lumières, philosophie qui l’a pourtant beaucoup influencé dans ses actions. Simon Bolivar affirme ainsi les principes du libéralisme politique mais, dans un même temps, estime qu’il faut s’appuyer sur des principes non démocratiques afin de mener à bien la révolution. D’où la présidence à vie dans la Constitution de la Bolivie de 1826.
En fait, l’indépendance de la Bolivie, qui est peut-être une des moins significative, résume bien toutes les contradictions que l’on retrouve dans les phénomènes d’émancipation du XVIIIe siècle – et encore aujourd’hui – en Amérique latine. Ce sont des pays qui se sont construits, et non des nations, autour d’un culte patriotique unificateur rendu au personnage libérateur incarné par Simon Bolivar’
extrait de http://www.sciencespo.fr/opalc/content/bicentenaire-de-la-bolivie